Après avoir écrit Le préambule (18 mars), où je parlais du calme avant la tempête, et Deux mondes (1er avril), où je commençais à distinguer les types de gens dans la pandémie, j’entre maintenant dans ma phase de la crainte. Je ne parlerais pas d’un État policier, ça serait une injure envers ceux qui ont vécu dans un vrai État de répression.
Je parle de mon malaise devant cette volonté de répression. Je m’explique.
Des tatas qui toussent sur des appareils de paiement Interac, on vient d’en trouver un. Mais il y en a d’autres. Des épais qui se trou- vent drôles et qui ne mesurent pas la gravité de la situation. C’est à cause de ces clowns que le gouvernement devra hausser le ton et resserrer les mesures coercitives. Ces caves qui foncent dans le monde en voiture, ceux qui se foutent des recommandations, ceux qui font la baboune à l’épicerie lorsqu’on leur demande de se laver les mains. Ils sont la cause du resserrement des règles, d’une police plus répressive. Même notre police municipale à reçu le mot d’ordre.
Les amendes salées et la suspension de certaines règles de droit, je peux être l’aise avec ça. Dans le contexte, d’abord, et si c’est tempo- raire, ensuite. Non, mon malaise, il est envers les gens qui tripent un peu trop police, gouvernement répressif et qui s’en prennent aux journalistes. Pas un jour ne passe sans que je lise un commentaire désobligeant sur les questions des journalistes lors des points de presse quotidiens du gouvernement. Ben oui, certaines questions sont redondantes, à la limite insignifiantes. Oui, on cherche le bobo, mais c’est la nature du travail. Oui, ça permet de ventiler un peu. Mais nous devrions plutôt saluer cette volonté de trouver la faille, de questionner l’autorité, de remettre en question la version officielle. Sans toutefois nuire au message de santé publique. Lave tes mains, tousse dans ton coude, reste chez vous.
J’exagère un peu le phénomène, je l’avoue. Nous sommes loin de la Gestapo ou de la suspension du droit commun. Je sens encore cette volonté d’éducation avant la répression de la part de nos gouvernants. Qu’ils serrent la vis un peu, c’est parfait pour moi. Surtout si l’appareil cible les bonnes personnes, les tousseux de ce monde et les récalcitrants de la distanciation sociale. Mais n’applau- dissons pas trop vite à une présence policière à tous les coins de rue, à cette culture de la dénonciation et à une période de questions des journalistes trop convenue. Tâchons de garder un peu de démo- cratie et de jugement critique en temps de crise. Les droits acquis se perdent plus facilement qu’ils ne se gagnent; l’histoire en est truffée d’exemples.
Petite note positive. Je remarque que depuis le début de la pandémie, en l’absence des copains de classe, mes enfants sont devenus les meilleurs amis du monde et qu’ils sont étrangement beaucoup moins stressés. Je lis beaucoup de publication de parents à bout. N’oubliez pas, chères familles, que tous n’ont pas cette chance d’être cloitrés en bonne compagnie. Ça revient à ce que je disais la semaine dernière; nous vivons tous dans deux mondes. #çavabienaller!
9 avril 2020 - 13:19
Répression des tousseux
Vincent Guilbault
Je ne pensais jamais lire le titre « La police arrête le tousseux » dans une page de journal. On réinvente notre quotidien en temps de crise!
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