20 décembre 2023 - 07:00
Réputé approuvé
Par: Vincent Guilbault
Vincent Guilbault

Vincent Guilbault

Les citoyens de Belœil avaient trois jours (11, 12 et 13 décembre), la semaine dernière, pour signer un registre concernant une réserve financière de 20 millions de dollars prélevée directement à même le compte de taxes des propriétaires. Les citoyens auraient donc pu soumettre à un référendum cette proposition importante de réserve pour le programme d’amélioration des infrastructures récréatives.

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Il fallait seulement 1847 signatures citoyennes pour demander un référendum, ou exiger à la Ville de redéfinir sa proposition. Seulement 39 personnes ont signé le registre.

Pourtant, les citoyens de Belœil nous ont habitués à plus de résistance aux propositions des élus dans le passé. Pensons simplement au Golf ou à la réfection de la 116, dans les dernières années. Alors pourquoi ce projet de 20 M$ a-t-il tout simplement passé comme enveloppe à la poste? Je dirais en raison d’un manque flagrant de transparence.

Pour exercer son droit de vote ou s’exprimer sur les différents dossiers, le citoyen doit être informé et un journal local a encore un rôle central à jouer en la matière. Mais depuis quelques années, en raison de la loi 122, les villes et municipalités ont la possibilité de faire paraître les avis publics uniquement sur leur site internet. Je sais, c’est un sujet ennuyant, mais c’est important.

Prenons le cas de la réserve de 20 M$. Avant la loi 122, une ville comme Belœil aurait publié dans le journal un avis public sur la création d’une nouvelle taxe. Le journal aurait d’abord publié l’avis public; ensuite, ses journalistes, constatant l’immense portée du règlement, auraient questionné les élus et rédigé des textes sur le sujet. Les citoyens, informés, auraient ensuite pu décider de signer ou pas un registre, ou de questionner la Ville. C’est un processus démocratique sain et normal.

Mais ça ne fonctionne plus comme ça.

La Ville de Belœil continue d’acheter de la publicité auprès de notre journal et nous l’en remercions. Mais comme les autres municipalités de la région (à l’exception de Mont-Saint-Hilaire), elle a retiré ses avis publics. On les retrouve maintenant seulement dans une section évasive du site web de la Ville, c’est-à-dire sous l’onglet « Interagir » (pour ce que ça veut bien vouloir dire…). Je vous invite à les trouver. De toute façon, qui prend vraiment la peine régulièrement d’aller consulter le site web de sa ville pour y voir les derniers avis publics?

Puis, si vous tombez finalement sur la bonne page, vous verrez le règlement en question, avec un titre ultra ronflant : Règlement 1803-00-2023 concernant la création d’une réserve financière pour le financement des infrastructures récréatives.

La Ville n’a pas publicisé cet avis;

La Ville n’en a fait aucunement mention sur ses réseaux sociaux;

La Ville n’a fait aucune mention spéciale sur son site ou une quelconque alerte.

La Ville a tout simplement adopté son règlement le mardi 5 décembre, lors d’une séance extraordinaire (donc hors calendrier habituel). Et quand les citoyens se sont présentés le lundi 11 décembre à la séance adoptant le budget, la période de signature de registre était déjà entamée. Et le journal, lui, ne pouvait plus réagir en raison des courts délais d’impression (et notamment parce que nous sommes bannis de Facebook, où nous aurions pu au moins tenter d’informer quelques citoyens). Résultat : 39 signatures en trois jours…

La Ville nous a habitués à beaucoup plus de zèle au moment de publiciser ses bonnes nouvelles. Mais pour un règlement qui va changer la face de Belœil, on aurait pu s’attendre à beaucoup plus; les citoyens de Belœil auraient mérité beaucoup plus.

Est-ce un mauvais règlement? Ce n’est même pas la question. Mais dans les archives et les documents de la Ville, depuis mercredi dernier, il est maintenant écrit que « ce règlement est réputé avoir été approuvé par les personnes habiles à voter ».

Sentez-vous que vous avez approuvé ce règlement de 20 millions en toute connaissance de cause?

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