Dès notre entrée dans la salle d’exposition, il est possible de reconnaître les codes de Picasso dans les œuvres de Riel Benn, une inspiration assumée par l’artiste. « Plusieurs des toiles sont des réinterprétations de ses œuvres, avec des thèmes mettant de l’avant des légendes autochtones ou d’autres thématiques qui lui sont chères », note Chantal Millette, directrice générale de La Maison amérindienne.
Par exemple, « Rattle Blanket », inspirée par « Fille devant un miroir », troque le miroir pour le guerrier que la femme désire, et aborde ainsi l’aspect de la séduction. « Death of the Buffalo Hunter » s’inspire quant à elle de « La mort du toréador », remplaçant le taureau par un bison.
Quant à « Three Dancing Shawls before the Sun », on reconnaît l’inspiration des « Trois danseurs » de Picasso, mais elle représente de façon colorée des danseuses lors d’un pow-wow.
Une toile de la collection se démarque du style de toutes les autres : « Buffalo Skull », un crâne de buffle représenté en cubisme, autre style associé à Pablo Picasso. Selon l’artiste, « cette toile trouve son inspiration dans les crânes de taureaux et les têtes de chèvres peints par Picasso pendant la Deuxième Guerre mondiale », au moment où la famine frappait en Europe. Il y voit un lien avec la rareté de la nourriture subie par son peuple à cause de la cupidité des Blancs qui ont mené les bisons au bord de l’extinction.

« Buffalo Skull » se démarque des autres œuvres de l’exposition et montre que Riel Benn s’est aussi intéressé à la période cubiste de Picasso. Photo Robert Gosselin | L’Œil Régional ©
Dans le cas de « The Beautiful Mrs. Thunderbear », l’artiste s’est plutôt basé sur une célèbre photographie de Madame Thunderbear, une interprète Sioux reconnue pour sa grande beauté. Il représente aussi une histoire Sioux moderne dans « Iktomi and the Red Beaver Woman ». « Toutes les toiles ont leur histoire fascinante et il est possible de creuser plus loin, commente Mme Millette. Riel Benn parvient à se réapproprier ces œuvres et à les “décoloniser” pour aider à mieux faire connaître la culture Sioux. Et il parvient à le faire dans le cadre d’une exposition très accessible! » Les premiers commentaires entendus par l’équipe de La Maison amérindienne sont très encourageants. « Les gens ont été agréablement surpris de visiter Sioux Funky et sont sortis enchantés d’être venus. Et notre équipe est très fébrile de raconter l’histoire derrière chaque œuvre lors des visites guidées », ajoute Mme Millette.
Vernissage
L’exposition est présentée depuis le 12 février, mais le vernissage de Sioux Funky n’aura lieu que le dimanche 13 mars prochain. L’événement se fera en présence de l’artiste, qui en aura certainement beaucoup à raconter sur ses œuvres! « Un catalogue sera prêt d’ici le vernissage, écrit en français et en anglais parce que, par la suite, Sioux Funky va voyager un peu partout dans le monde », note Chantal Millette. Elle souligne la belle collaboration avec les Productions Feux sacrés, représentant Riel Benn, qui se donnent pour mission de faire le pont entre les artistes issus des Premières Nations et le grand public.
Les curieux peuvent encore découvrir les œuvres et l’histoire de Riel Benn à La Maison amérindienne de Mont-Saint-Hilaire jusqu’au 29 mai.