Rappelons que Northvolt AB, la société mère de Northvolt Amérique du Nord, a déposé le 12 mars une déclaration de faillite en vertu du droit suédois à Stockholm. « Cette décision fait suite à des efforts exhaustifs pour explorer toutes les options possibles afin d’assurer un avenir financier et opérationnel viable pour l’entreprise, qui n’a finalement pas abouti à un résultat satisfaisant », peut-on lire dans un communiqué de la société.
En tant que filiale détenue à part entière par Northvolt AB, toute décision concernant Northvolt Amérique du Nord sera prise, le moment venu, par le syndic désigné par le tribunal, en concertation avec les créanciers du groupe.
À ce stade, Northvolt Amérique du Nord, responsable du dossier de l’usine à McMasterville et Saint-Basile-le-Grand, demeure solvable. L’entreprise entend honorer ses obligations et respecter ses engagements financiers. Notons que les travaux du chantier ont pris une pause avant les fêtes dans l’optique de reprendre au dégel. Les responsables du dossier avaient alors évoqué que tout l’échéancier pourrait être revu dans le cadre de la restructuration de la société.
Pour sa part, le maire Martin Dulac reconnaît que cette dernière nouvelle est assez décevante. « Cela ajoute une autre couche au projet. Northvolt avait pourtant un si gros potentiel de développement. Mais bon, la filière nord-américaine demeure solvable, je ne jette pas la serviette pour l’instant. »
Selon M. Dulac, l’annulation du projet de Northvolt n’entraîne aucune perte directe pour la Municipalité. « Nous n’avons rien investi là-dedans. C’est sûr que nous perdrions des perspectives de revenus potentiels de taxes. Le projet de loi privé [pour fixer la taxation] nous permettait d’aller chercher des revenus garantis annuels d’au moins 1 million pendant quatre ans. Pierre Fitzgibbon disait à une conférence au printemps 2023 qu’il y a beaucoup de projets proposés et qu’il avait dû en refuser en raison de la capacité du réseau hydroélectrique. Je fais confiance au gouvernement pour trouver un autre projet intéressant pour les terrains si l’usine de Northvolt ne se concrétise pas. »
Travaux maintenus
Yves Lessard assure que les déboires financiers n’affectent pas les travaux d’aménagement de l’accès temporaire menant au site de Northvolt sur la 116. « Peu importe le projet qui sera réalisé, l’entreprise en question aura besoin d’un accès. »
Ces travaux sont dirigés par le bureau de projet, composé de représentants provenant de Saint-Basile-le-Grand et de McMasterville ainsi que du gouvernement du Québec. Ce projet est aussi possible grâce à la collaboration du ministère des Transports et de la Mobilité durable (MTMD) et avec la permission de la Compagnie des chemins de fer nationaux du Canada (CN) d’intervenir sur son terrain. Rappelons que le ministère de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie a consenti à Saint-Basile-le-Grand une subvention de 22,6 M$ pour la réalisation de cet accès.
Le contrat a été accordé le 25 septembre dernier au montant de 8,9 M$ aux Entreprises Michaudville de Mont-Saint-Hilaire, et les travaux ont finalement commencé dans la semaine du 13 janvier.
Mères au front réagit
De son côté, l’organisme Mères au front – Rive-Sud a tenu à interpeller les différents paliers de gouvernement du pays pour qu’ils fassent preuve de retenue et de discernement avant d’envisager de nouveaux projets industriels sur le site concerné.
« Pour les prochaines étapes, nous exhortons le gouvernement à tirer des leçons de cette situation et à mettre en place des processus décisionnels qui garantissent une réelle prise en compte des enjeux environnementaux et sociaux, dans l’intérêt de la santé des enfants et de l’ensemble de la population », écrit l’organisme par voie de communiqué.
Mères au front demande une surveillance accrue et un contrôle rigoureux du ruissellement des polluants vers la rivière, l’assurance du maintien de la qualité de l’eau et de l’air, une consultation transparente ainsi que le respect des engagements pris pour compenser les milieux naturels perdus.
Comité suspendu
À la suite de la faillite, Northvolt a suspendu les travaux du comité de liaison. Ce dernier avait été créé en avril 2024 dans le but « d’entretenir un dialogue ouvert et constructif » avec la communauté. Mères au front – Rive-Sud participait aux discussions.
« Le comité pourra être réactivé selon les décisions du syndic ou d’un repreneur potentiel. Nous avons assuré aux membres qu’ils seront informés de toute évolution », commente la porte-parole de Northvolt, Emmanuelle Rouillard-Moreau.