5 décembre 2018 - 12:28
Démolition de la maison Vézina
Saint-Denis-sur-Richelieu se donne les outils pour sauver son patrimoine
Par: Sarah-Eve Charland

La maison Vézina à Saint-Denis-sur-Richelieu a été démolie le 28 novembre. Photo: François Larivière

La municipalité de Saint-Denis-sur-Richelieu poursuit ses démarches pour se doter d’outils réglementaires qui lui permettront d’éviter la disparition de bâtiments ayant une valeur patrimoniale comme c’était le cas de la maison Vézina.

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Le bâtiment, construit en 1880, qui a abrité l’ancien magasin Magloire-Vézina, a été démoli le 28 novembre. La famille y a opéré un magasin général pendant quatre générations. Le permis de démolition a été octroyé en 2015.

« On n’avait aucun moyen de ne pas accorder le permis de démolition, affirme la mairesse de Saint-Denis-sur-Richelieu, Ginette Thibault. […] Si cette maison s’est rendue dans cet état-là, ce n’est pas juste en quatre ou cinq ans, ce sont des décennies sans entretien. Malheureusement, on ne peut pas changer le passé. On peut juste se donner des outils aujourd’hui pour se donner plus de pouvoir. »

La municipalité a adopté un premier règlement, en septembre, sur la désuétude des propriétés. Les propriétaires, de l’ensemble des bâtiments sur le territoire, ont désormais l’obligation d’entretenir leurs propriétés selon des normes minimales.

« Ce règlement nous donne les moyens maintenant, quand on voit une maison en désuétude, d’intervenir auprès du citoyen. On peut lui donner une amende. Ça peut aller assez loin. On a établi différents critères, notamment au niveau de l’apparence physique. On est même allé jusqu’à dire qu’une propriété doit avoir des choses minimales », explique la mairesse.

Saint-Denis-sur-Richelieu a aussi mandaté un consultant extérieur pour revoir le plan d’implantation et d’intégration architectural. La municipalité doit se fier à cet outil pour accorder ou non un permis. Elle y intégrera un règlement sur les permis de démolition. Le plan devrait être adopté en février ou en mars.

« On va encadrer les demandes de démolition, ce qui n’est pas le cas actuellement. Ça va nous donner des outils pour éviter de vivre ce qui est arrivé avec la maison Vézina », assure-t-elle.

Le président de la Société d’histoire des Riches-Lieux, Guy Archambault, se réjouit des démarches de la municipalité afin de mieux encadrer l’entretien des bâtiments. Il croit que la solution pour préserver le patrimoine passe par un règlement visant à obliger l’entretien du patrimoine. M. Archambault ajoute que le gouvernement du Québec devrait également s’impliquer dans ce dossier.

« Le ministère de la Culture devrait mettre en place une politique. Le ministère a moins de pression et a beaucoup plus de moyens pour protéger ces bâtiments-là. […] Le seul organisme administratif qui pourrait lancer le cri d’alarme ou encadrer, c’est le ministère de la Culture. Les municipalités n’ont pas l’expertise. Dans quelques années, on va se réveiller et voir que le patrimoine a été dilapidé », croit-il.

Une page d’histoire qui se tourne

À l’heure actuelle, quatre entités de Saint-Denis-sur-Richelieu sont protégées par le ministère de la Culture et des Communications, soit la maison Jean-Baptiste-Mâsse, qui abrite la Maison nationale des Patriotes, la meunerie Adréus-Bonnier, la maison François-Cherrier et la cloche Marguerite-Michel.

La maison Vézina se retrouvait, quant à elle, dans un répertoire élaboré par la MRC de La Vallée-du-Richelieu. En 2012, la MRC avait mandaté une firme de consultants en patrimoine culturel et en muséologie pour inventorier les bâtiments des 13 municipalités. Au total, 1028 biens ont été identifiés pour leur valeur patrimoniale, dont 124 sur le territoire de Saint-Denis-sur-Richelieu. Les bâtiments étaient évalués selon leur valeur d’âge, d’art, d’architecture, d’authenticité, de contexte, d’usage, historique et de rareté.

« Le facteur qui a le plus influencé la maison Vézina est celui de l’authenticité. L’authenticité indique à quel point elle a été modifiée avec les années. Dans ce cas-là, elle était forte parce qu’elle n’a jamais été modifiée, mais elle n’a jamais été entretenue non plus », souligne Mme Thibault.

M. Archambault est déçu de voir ce bâtiment disparaître. « Je n’ai pas été tellement surpris. La maison n’a pas été entretenue. Elle était délabrée. Je trouve ça dommage. […] Cette maison était typique des constructions anciennes. Saint-Denis est classé parmi les plus beaux villages au Québec. En enlevant une maison comme ça, on crée un vide. Ça formait un ensemble. Si ces maisons sont entretenues adéquatement, elles forment un attrait esthétique au village », conclut-il.

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