Au départ, la Municipalité a retenu les services de l’intervenante jeunesse Caroline Lemaire d’abord dans le cadre d’un projet pilote avec deux autres localités de la région (voir autre texte).
« La direction générale avait beaucoup à cœur ce projet. Le secteur est reconnu comme étant moins favorisé. Il y avait beaucoup de problématiques de consommation de drogues et un haut taux de décrochage scolaire. Il y avait aussi beaucoup de vandalisme dans les parcs. À titre d’exemple, l’été, on voyait du papier de toilette dans les arbres », raconte la responsable des activités de loisirs à Saint-Jean-Baptiste, Valérie Rousseau.
Cette dernière confirme que les cas de vandalisme ont notamment diminué pendant la dernière année. « Justement, quand ce type d’événement survient, on interagit rapidement. Nous sommes beaucoup sur le terrain pour pouvoir faire des actions concrètes en prévention et leur faire part des conséquences. »
Caroline Lemaire a fait plus de 40 interventions auprès des jeunes qui concernaient entre autres la consommation, le deuil, la violence verbale ou physique, des formes de dépression, de l’intimidation, des ruptures amoureuses, des problèmes familiaux ainsi que beaucoup d’anxiété.
« Il y a de belles histoires à partager, dont un jeune avec un trouble du spectre de l’autisme. On lui a permis de [fréquenter la maison] plus longtemps que l’âge limite de 18 ans. Au début, c’était difficile de lui faire faire des activités. Il a réussi à socialiser et à se faire des amis. Il a même participé à des activités de cuisine. Pour lui, la Maison des jeunes était une deuxième maison », raconte Mme Lemaire, qui travaille comme intervenante jeunesse depuis environ 6 ans.
Tous ces différents constats ont amené la Municipalité à retenir les services de Mme Lemaire sur une base permanente. « Nous avons eu la chance d’avoir une ouverture de la part de la Municipalité qui a écouté les gens sur le terrain. Oui, à l’école, l’enfant va voir plusieurs spécialistes, mais il n’y a plus rien après 16 h », renchérit Caroline Lemaire.
Dans le milieu de vie des jeunes
L’approche de Caroline Lemaire diffère d’autres professionnels de la santé alors qu’elle partage le milieu de vie des jeunes. « Je suis à la Maison des jeunes, les gens peuvent me voir dans mon bureau si ça ne va pas. Sinon, je vais jouer à des jeux avec eux et c’est là que les confidences viennent. C’est beaucoup moins formel qu’une rencontre dans un bureau d’un travailleur social », donne-t-elle à titre d’exemple.
Mme Lemaire entretient aussi des liens avec plusieurs autres partenaires du milieu communautaire. « Nous avons eu l’autre jour un atelier de prévention du Centre l’Arc-en-ciel pour la dépendance au cannabis. Je suis en contact avec le CLSC et j’ai aussi des préservatifs et des tests de grossesse. Je peux faire des ponts entre les jeunes et le centre de dépistage des ITSS (infections transmissibles sexuellement et par le sang). »
En entrevue, l’intervenante jeunesse rappelle l’importance d’une maison des jeunes. « Certains pensent que c’est pour stationner des jeunes et les laisser jouer à des jeux vidéo. Non, il faut s’en occuper des jeunes et leur faire faire diverses activités. Ici, nous leur faisons faire un tas de choses. Le but c’est de les rendre critiques, engagés et responsables. Ce sont nos citoyens de demain. »
Un projet pilote mort après un an
Bien que Saint-Jean-Baptiste retient maintenant sur une base permanente les services d’une intervenante jeunesse, le projet pilote intermunicipal l’ayant introduite à la Maison des jeunes n’a pas été reconduit à la suite du retrait d’une des municipalités participantes.
Saint-Jean-Baptiste avait mis en œuvre en 2022 le projet Le Repère Mobile en collaboration avec Saint-Charles-sur-Richelieu et Saint-Denis-sur-Richelieu. Ces deux dernières municipalités avaient ouvert en 2022 des maisons des jeunes pour se partager les services de l’intervenante jeunesse. De plus, l’entente impliquait aussi le fait que ces deux maisons étaient gérées par Le Repère de Saint-Jean-Baptiste.
« L’intervenante jeunesse était à 50 % du temps à Saint-Jean-Baptiste, 25 % à Saint-Denis et 25 % à Saint-Charles », explique le directeur général de Saint-Jean-Baptiste, Martin St-Gelais.
Le projet pilote a confirmé à Saint-Jean-Baptiste la nécessité d’avoir une intervenante à temps plein. La Municipalité a offert à ses deux partenaires une nouvelle entente de trois ans, comportant l’embauche d’une deuxième intervenante jeunesse.
D’un côté, les élus de Saint-Denis-sur-Richelieu ont accepté par voie de résolution d’adhérer à cette entente avec un engagement financier annuel de 77 794,51 $. Mais de l’autre côté, Saint-Charles-sur-Richelieu a refusé de prolonger cette entente en raison d’une importante augmentation des coûts. La Municipalité a néanmoins opté pour le maintien d’activités offertes aux jeunes selon le même horaire et a procédé à l’embauche des deux animatrices qui avaient été embauchées dans le cadre du projet pilote.
« L’expérience du projet pilote a permis de constater que les jeunes étaient au rendez-vous et appréciaient se retrouver dans l’espace aménagé pour eux, rapporte la directrice générale de Saint-Charles, Nathalie Boisclair. L’espace qu’occupait la Maison des jeunes est utilisé pour les activités offertes et nous l’avons nommé La Planque 2.0. Les jeunes sont nombreux à participer aux activités et sorties programmées par les animatrices et semblent apprécier cette nouvelle formule. »
Aucun service pour le moment
Le retrait de Saint-Charles a eu des conséquences négatives pour Saint-Denis. « Nous ne pouvions plus renouveler l’entente, l’engagement financier aurait été trop élevé pour compenser le départ de Saint-Charles », affirme le maire Jean-Marc Bousquet.
La Maison des jeunes de Saint-Denis a cessé ses activités alors que l’entente intermunicipale a pris fin le 28 février dernier. « Plusieurs personnes étaient déçues. Nous voulons toutefois être en mesure d’offrir un quelconque service et nous évaluons toutes les options possibles », termine M. Bousquet.