26 août 2024 - 05:00
Se réapproprier la rivière
Par: Vincent Guilbault
Vincent Guilbault

Vincent Guilbault

Un des avantages de vivre à Saint-Charles-sur-Richelieu, c’est d’avoir la rivière à moins d’un kilomètre de la maison. Pendant les vacances de la construction, j’ai embarqué ma planche de paddle pour tenter de profiter de la rivière. Vous savez, depuis ce printemps, les embarcations à moteur doivent respecter une limite de vitesse de 50 km/h sur une section de la rivière Richelieu, notamment entre les villages. Parfois, cela diminue même à 10 km/h pour protéger l’espace de reproduction du chevalier cuivré.

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Je me suis dit que je pourrais enfin me « réapproprier la rivière » et pratiquer mon sport. Malheureusement, les différentes tentatives ont été semi-concluantes. La limite de vitesse n’a pas encore été assimilée, par manque d’information (ou par simple « je m’en foutisme »). J’ai passé la moitié de mon temps à me mettre à genoux sur la planche au passage de nombreux bateaux en raison de leur vitesse et des vagues.

En exigeant une réduction de la vitesse, les élus voulaient mieux protéger les berges, l’environnement et, aussi, permettre aux citoyens de se réapproprier la rivière, réservée depuis longtemps aux embarcations à moteurs.

Se réapproprier la rivière. C’est une expression que j’entends depuis des lunes. Je l’ai tellement entendue que cela ne veut plus rien dire. Puis, à genoux sur ma planche afin d’éviter de prendre une plonge à cause des vagues, je me disais justement que c’était un mythe, cette histoire de réappropriation.

Ce n’est pas comme si rien n’était fait. On peut noter quelques initiatives dans la région.

Des bouées ont été installées sur la rivière pour inviter les bateaux à ralentir depuis quelques années dans le Vieux-Belœil.

Chaque année, un nombre grandissant de personnes participent aussi à l’événement du Grand saut hilairemontais et se mouillent pour demander un peu plus d’accès à la rivière. C’est bien mignon tout ça, de plonger dans l’eau une fois dans l’année, mais je ne sais pas si cela contribue vraiment à changer les perceptions. L’eau, c’est pour les bateaux.

L’événement « D’une rive à l’autre », qui s’est tenu le 18 août dernier, a attiré un peu plus de 300 spectateurs. La piscine en eau vive de Belœil semble vraiment être un catalyseur pour ce mouvement de réappropriation. On sent une certaine fébrilité. Mais 300 personnes, ça reste marginal.

En commentaire à l’événement, la mairesse de Belœil, Nadine Viau, a dit : « Donnons-nous le droit de partager cette merveilleuse rivière et d’en profiter à sa juste mesure. C’est la vision que nous avions depuis 3 ans et nous arrivons enfin à voir se réaliser des propositions audacieuses et simples à la fois, quand on y pense. »

Oui pour la vision et l’audace. Simple? Je doute un peu. Les changements de mentalités sont tellement lents à implanter.

Peut-être qu’on peut parler d’une inversion du courant. Pas encore tout à fait, je dirais, mais c’est un bon début. Je vais continuer de porter ma veste de sauvetage pour mes sorties en planche sur la rivière.

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