31 janvier 2024 - 07:00
Sens critique
Par: Vincent Guilbault
Vincent Guilbault

Vincent Guilbault

En toute transparence, j’ai toujours aimé le travail d’Olivier Bernard, surtout connu sous le nom du Pharmachien. J’aime les vulgarisateurs scientifiques, mais surtout ceux qui prennent le temps de détruire les mythes. Surtout en y ajoutant une petite dose d’insolence, comme le fait si bien Olivier.

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J’ai suivi son émission, je prends le temps de l’écouter en entrevue (il participe à de nombreux balados) et j’ai écouté les deux premières saisons de son balado Dérives, sur la mort de Chantal Lavigne à la suite d’un rituel de sudation, et sur l’ayahuasca, un puissant hallucinogène. Naturel que j’écoute la troisième saison.

Lorsque j’ai entendu le segment concernant Belœil et l’histoire de Guylaine Lanctôt, je me suis dit que ça serait l’occasion parfaite de lui parler pour le journal. J’ai été ravi qu’il accepte sans hésitation (entrevue en page 10).

Pour cet éditorial, je retiens seulement sa conclusion : se renseigner auprès de plusieurs sources. C’est bon dans le domaine de la santé, mais c’est aussi bon en science, en politique ou pour se faire une tête sur les enjeux sociaux. Une chose qui n’est pas évidente à faire.

L’être humain est complexe et victime de nombreux biais cognitifs, notamment le biais de confirmation. Nous avons tendance à retenir l’information qui confirme nos idées, nos opinions. Et en cette ère de réseaux sociaux, en cette ère des algorithmes qui nourrissent en force ce biais, nous sommes encore plus vulnérables. Nous sommes gavés d’informations qui confirment nos croyances et il est plus difficile que jamais de trouver les informations qui pourraient nous faire douter. Je ne vous apprends rien : nous vivons tous de plus en plus dans des chambres d’écho, qui nous répètent ce qu’on veut entendre.

Je le vois notamment à l’œuvre avec le projet Northvolt. Je suis membre de deux pages Facebook : une très en faveur du projet, et une autre un peu moins. Certes, certains commentaires sont très nuancés, et on comprend que chez les gens en faveur, on veut surtout du développement économique, et que chez les gens un peu plus opposés, on demande surtout la tenue d’un BAPE pour se faire une tête. Mais rapidement, on sent que les positions se campent et que le dialogue devient extrêmement difficile, voire impossible. Ce clivage pourrit carrément notre société démocratique.

Difficile pour moi de ne pas vous inviter à écouter les huit épisodes de la 3e saison du balado Dérives, que j’ai consommés d’un trait dans la voiture et en faisant mes tâches ménagères. Au-delà de l’histoire de Guylaine Lanctôt et de sa « dérive » comme médecin, le balado nous rappelle que nous sommes tous vulnérables devant la désinformation, même si on croit notre sens critique très développé. J’ai moi-même la prétention (ou le manque d’humilité!) de posséder un très bon sens critique, ce qui peut encore une fois me tendre des pièges et me faire croire plus alerte que je le suis. Le biais de confirmation n’est jamais très loin.

Surtout, c’est l’occasion de se rappeler que tout n’est pas toujours simple. Que nous n’avons pas seulement à choisir entre l’extrême droite ou le wokisme. Exigeons de nous plus de nuances…

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