17 août 2016 - 00:00
Spécialiste de la culture iroquoienne depuis 25 ans
Par: Karine Guillet
L'archéologue Michel Gagné (en beige) dirigeant des fouilles.

L'archéologue Michel Gagné (en beige) dirigeant des fouilles.

photo gracieuseté- Michel Gagné

photo gracieuseté- Michel Gagné

MÉTIER. Archéologue depuis près de 25 ans, le Grandbasilois Michel Gagné est un spécialiste de la culture iroquoienne. S’il ne se promène pas armé d’un fouet en défiant les périls d’un temple maudit comme Indiana Jones, certaines conditions de travail peuvent parfois s’approcher de l’univers du célèbre aventurier. Dans le cadre du mois de l’archéologie, M. Gagné a accepté de nous parler de son travail.

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Michel Gagné  est derrière la découverte de quatre des sept villages iroquoiens connus au Québec, dont le site Droulers, à Saint-Anicet. 

Selon l’Association des archéologues du Québec, environ une centaine de personnes vivent de l’archéologie au Québec. Michel Gagné rappelle toutefois que cette profession est extrêmement exigeante et nécessite souvent de longues heures de bénévolat.

«L’archéologie, c’est de l’analogie. C’est d’essayer avec des petits indices de raconter des histoires culturelles. Tu n’as jamais toutes les pièces du casse-tête. Tu fouilles et tu n’as pas tout, parce que certaines pièces se sont perdues, que la personne est partie avec et que tu ne peux pas fouiller tout le site. Il faut être imaginatif, mais avec des données scientifiques.»

Pas sur le terrain tous les jours

 S’il a identifié 15 sites iroquoiens dans cette région, l’archéologue estime néanmoins  que son travail en est avant tout un d’analyse. Michel Gagné estime qu’il passe 90% de son temps  dans un bureau.

Au-delà des fouilles sur le terrain, le travail d’un archéologue est en également un de compréhension, d’analyse, de production de rapport et de vulgarisation. L’archéologue est également appelé à monter les projets, trouver des sources de financement et interagir avec divers intervenants, selon M. Gagné. Un aspect souvent  sous-estimé.

«[Il y a une] quantité de travail à faire pour n’écrire que quelques lignes sur l’histoire culturelle et la rigueur. Derrière quelques mots peuvent se cacher des heures d’analyse d’artéfacts et de revue de littérature. On ne se rend pas compte du travail immense que représente un artéfact.»

Fouilles

Même si le travail sur le terrain est très représenté dans la culture populaire, la découverte d’un site n’est pas chose commune. Le sentiment que procure la découverte d’un site archéologique procure donc un sentiment incroyable.

Les environnements de fouille peuvent parfois sembler hostiles.

À titre d’exemple, M. Gagné travaille présentement dans un  boisé  jamais coupé de Saint-Anicet. Outre l’herbe à puce, les tiques omniprésentes et le frêne épineux,  il est parfois difficile de s’y retrouver lorsqu’on part en expédition. Il faut parfois marcher longtemps avant de se rendre sur les lieux convoités.

 «On se promène avec des machettes et des bonbonnes de poivre de Cayenne pour les ours. On va dans des bois inextricables où tu te dis “je ne rentre pas là”, mais tu y vas quand même. Il y a des sites archéologiques où j’ai dû ramper pour m’y rendre.»

Petits trésors, grandes découvertes

 Oubliez aussi les trésors incroyables qui n’attendent qu’à  être déterrés, les probabilités de déterrer un objet intact sont minces. Le plus souvent, les archéologues découvriront des résidus, des fragments d’os ou même des grains carbonisés.

Les découvertes les plus fréquentes sont des morceaux de céramiques. D’ailleurs, les artéfacts appartiennent d’abord au propriétaire du terrain

. L’endroit où ces artéfacts ont été trouvés est tout aussi vital et permet même parfois de reconstituer des villages ou d’en apprendre davantage sur les habitudes de vie des habitants de ce site. 

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