À l’aube de la Révolution tranquille, le dimanche des Québécois était réservé à deux rituels, la messe et la lutte à la télévision. Le titre de la production fait référence à la ligne de fermeture prononcée chaque semaine sur le petit écran par la figure légendaire de la lutte Édouard Carpentier : « À la semaine prochaine… Si Dieu le veut ».
La lutte comportait aussi ses propres croyances, autant lutteurs que spectateurs refusaient d’admettre publiquement ou simplement soumettre l’hypothèse que c’était « arrangé ». Et en plus, la lutte a été longtemps présentée dans les sous-sols d’église.
L’une des personnes qui ne rataient jamais les deux rituels du dimanche était Marie-Ange, la grand-mère de Stéphane E. Roy. C’est d’ailleurs la relation de ce dernier avec sa grand-maman qui est la genèse du projet. « Un producteur m’a demandé si je connaissais la lutte. Je me suis souvenu que ma grand-mère écoutait ça religieusement. À l’époque, les Québécois étaient un peuple écrasé et il fallait tendre la joue. Mais quand ma grand-mère regardait la lutte, elle se transformait en monstre de vengeance. Là, on ne tendait plus l’autre joue », raconte Stéphane E. Roy.
L’artiste a consacré de nombreuses heures à la recherche et à l’écriture de ce projet. Il a regardé de nombreux extraits des débuts de la télévision québécoise jusqu’à la lutte d’aujourd’hui présentée par le géant mondial de la World Wrestling Entertainment (WWE). Il a consulté aussi de nombreux experts, dont Bertrand Hébert, une sommité en la matière dans la belle province qui a cosigné plusieurs livres biographiques, notamment sur les légendes Mad Dog Vachon et André le Géant Ferré.
« Je suis très fier du voyage de recherche. On se rend compte que la première grande vedette sportive n’a pas été Maurice Richard, qui a d’ailleurs arbitré certains matchs de lutte, mais bien Yvon Robert. La lutte était à une certaine époque plus populaire que le hockey. Plus d’un million de personnes regardaient ça, c’était incroyable. Évidemment, on s’aperçoit qu’il y a des pans qu’on a oubliés, notamment le grand Édouard Carpentier. »
Sur scène, dans le cadre de la pièce, Stéphane E. Roy interprète son propre rôle. Il est accompagné d’Amélie Grenier dans la peau de la grand-maman Marie-Ange et Martin Larocque sous la soutane du Père Francoeur. Martin Larocque interprètera aussi d’autres personnages, dont Maurice « Mad Dog » Vachon. Des extraits vidéo d’antan seront également présentés. Stéphane E. Roy assure qu’il ne fait aucune prise de lutte, art qu’il associe, comme bien d’autres, au sport.
« On utilise divers tons. Oui, c’est informatif, mais il y a aussi du drame et de l’humour. Je me suis vraiment amusé, ça m’a permis de replonger dans la lutte, que j’avais arrêté d’écouter à un certain moment. »
La première de Si le Dieu le veut a eu lieu le 25 juillet dernier à Saint-Eustache. Plus d’une dizaine de dates sont actuellement annoncées. Le théâtre documentaire fera des arrêts un peu partout au Québec, dans quelques églises, de même qu’au Studio-Cabaret de l’Espace St-Denis. Pour plus de détails : www.sidieuleveut.com.