4 août 2025 - 05:00
Théâtre documentaire
Stéphane E. Roy explore les liens entre la lutte et la religion
Par : Denis Bélanger
Stéphane E. Roy. Photo Mihaela Petrescu

Stéphane E. Roy. Photo Mihaela Petrescu

Martin Larocque, Amélie Grenier et Stéphane E. Roy en pleine répétition. Photo Univers Théâtre

Martin Larocque, Amélie Grenier et Stéphane E. Roy en pleine répétition. Photo Univers Théâtre

Le comédien hilairemontais Stéphane E. Roy a plongé dans le passé pour explorer l’univers de la lutte québécoise et ses impacts sur la société. Ce travail de recherche a permis d’accoucher de Si le Dieu le veut, un théâtre documentaire démontrant les liens insoupçonnés entre la lutte professionnelle et la religion.
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À l’aube de la Révolution tranquille, le dimanche des Québécois était réservé à deux rituels, la messe et la lutte à la télévision. Le titre de la production fait référence à la ligne de fermeture prononcée chaque semaine sur le petit écran par la figure légendaire de la lutte Édouard Carpentier : « À la semaine prochaine… Si Dieu le veut ».

La lutte comportait aussi ses propres croyances, autant lutteurs que spectateurs refusaient d’admettre publiquement ou simplement soumettre l’hypothèse que c’était « arrangé ». Et en plus, la lutte a été longtemps présentée dans les sous-sols d’église.

L’une des personnes qui ne rataient jamais les deux rituels du dimanche était Marie-Ange, la grand-mère de Stéphane E. Roy. C’est d’ailleurs la relation de ce dernier avec sa grand-maman qui est la genèse du projet. « Un producteur m’a demandé si je connaissais la lutte. Je me suis souvenu que ma grand-mère écoutait ça religieusement. À l’époque, les Québécois étaient un peuple écrasé et il fallait tendre la joue. Mais quand ma grand-mère regardait la lutte, elle se transformait en monstre de vengeance. Là, on ne tendait plus l’autre joue », raconte Stéphane E. Roy.

L’artiste a consacré de nombreuses heures à la recherche et à l’écriture de ce projet. Il a regardé de nombreux extraits des débuts de la télévision québécoise jusqu’à la lutte d’aujourd’hui présentée par le géant mondial de la World Wrestling Entertainment (WWE). Il a consulté aussi de nombreux experts, dont Bertrand Hébert, une sommité en la matière dans la belle province qui a cosigné plusieurs livres biographiques, notamment sur les légendes Mad Dog Vachon et André le Géant Ferré.

« Je suis très fier du voyage de recherche. On se rend compte que la première grande vedette sportive n’a pas été Maurice Richard, qui a d’ailleurs arbitré certains matchs de lutte, mais bien Yvon Robert. La lutte était à une certaine époque plus populaire que le hockey. Plus d’un million de personnes regardaient ça, c’était incroyable. Évidemment, on s’aperçoit qu’il y a des pans qu’on a oubliés, notamment le grand Édouard Carpentier. »

Sur scène, dans le cadre de la pièce, Stéphane E. Roy interprète son propre rôle. Il est accompagné d’Amélie Grenier dans la peau de la grand-maman Marie-Ange et Martin Larocque sous la soutane du Père Francoeur. Martin Larocque interprètera aussi d’autres personnages, dont Maurice « Mad Dog » Vachon. Des extraits vidéo d’antan seront également présentés. Stéphane E. Roy assure qu’il ne fait aucune prise de lutte, art qu’il associe, comme bien d’autres, au sport.

« On utilise divers tons. Oui, c’est informatif, mais il y a aussi du drame et de l’humour. Je me suis vraiment amusé, ça m’a permis de replonger dans la lutte, que j’avais arrêté d’écouter à un certain moment. »

La première de Si le Dieu le veut a eu lieu le 25 juillet dernier à Saint-Eustache. Plus d’une dizaine de dates sont actuellement annoncées. Le théâtre documentaire fera des arrêts un peu partout au Québec, dans quelques églises, de même qu’au Studio-Cabaret de l’Espace St-Denis. Pour plus de détails : www.sidieuleveut.com.

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