Rappelons que Les Producteurs a vu le jour pour la première fois à l’écran en 1967, avant de prendre la forme d’une comédie musicale en 2001, recevant pas moins de 12 Tony Awards. On y suit Max Bialystock (Serge Postigo, aussi metteur en scène de la mouture québécoise), producteur de Broadway au bord de la faillite, qui convainc le jeune comptable névrosé Leo Bloom (Tommy Joubert) de s’associer à lui pour frauder le fisc en montant le pire flop de Broadway et s’enfuir avec l’argent de la production. L’impressionnante distribution de 16 comédiens inclut aussi Marianne Orlowski (dans le rôle de Ulla Inga Hansen), Jean-Luke Côté (Carmen Ghia), Thiéry Dubé (Franz Liebkind) de même que le résident d’Otterburn Park Benoît Finley, qui joue le flamboyant metteur en scène Roger de Brie.
Même si l’histoire date de plusieurs décennies, elle n’a pas pris une ride et l’adaptation québécoise est parsemée de références culturelles communes qui n’ont pas manqué de faire rire le public à plusieurs reprises. Le spectacle est un peu long (2 h 20, plus un entracte), mais il ne contient que très peu de temps morts : la distribution a livré plusieurs performances à couper le souffle, autant en chantant qu’en dansant. Tommy Joubert, avec son sens du timing comique, a brillé dans la plupart des scènes où il se trouvait et Marianne Orlowski a su charmer, autant par son faux accent suédois que par ses acrobaties. Quant à Benoît Finley, il avait admis en entrevue qu’il devait apprendre à marcher avec des « talons gratte-ciel », et c’est mission accomplie alors qu’il paraissait presque naturel durant les plusieurs scènes où il portait les vertigineux talons hauts de son personnage. Les Producteurs est une comédie musicale où chaque membre de la distribution a eu son moment de gloire et tout était réglé au quart de tour, même avec une quinzaine de comédiens en même temps sur scène, multipliant les rires et les applaudissements à l’Espace Saint-Denis.
De par son côté irrévéventieux et son humour grinçant à prendre au deuxième degré, Les Producteurs n’est peut-être pas à la portée de tous – la comédie musicale que montent Max et Leo s’intitule tout de même Nos cœurs pour Hitler et fait sans détour l’apologie du dictateur nazi –, mais dès qu’on apprend à apprécier la caricature grossière de l’ensemble des personnages, autant les femmes que les homosexuels ou même les producteurs, on a droit à tout un divertissement. L’ovation à la fin de la performance semble confirmer que la majorité de l’assistance a compris et apprécié ce second degré.
Il n’est pas encore trop tard pour voir Les Producteurs à Montréal puisqu’il reste quelques représentations d’ici le 14 avril à l’Espace Saint-Denis. Par la suite, la comédie musicale se déplacera à Québec du 27 juin au 14 juillet.