Dans son ouvrage, j’y ai découvert la raison principale de ma préférence de l’écrit vis-à-vis la télévision et la radio. Le temps.
Je le paraphrase : le journaliste de l’écrit peut attendre. Laissez les journalistes de la télévision et de la radio assaillir les intervenants qui doivent être interrogés. Laissez-les mener leurs entrevues frénétiques pour obtenir une clip de radio ou des images pour la télévision. Le journaliste écrit peut attendre. Il peut rencontrer un intervenant après les autres, discuter un peu plus longuement, reposer une question à une réponse moins claire.
Le journaliste à l’écrit peut aussi reformuler les mots, préciser la pensée d’un intervenant. Même, il peut le rappeler plus tard pour vérifier une information, nuancer une phrase dite à froid. Le temps est l’avantage de l’écrit. L’idée est d’être le plus près possible de la vérité.
Prenez la lettre d’opinion de M. Fiset dans cette page. C’est la deuxième version de la lettre. Sa première version, probablement écrite avec un peu plus de colère, était remplie de propos à la limite de la diffamation.
Puis, nous avons eu un échange courriel et, après discussion, il a réécrit sa lettre. Le résultat est dur pour l’administration municipale, mais il est honnête, un peu plus tempéré et, surtout, à l’abri des poursuites.
Des poursuites, dis-je. Vous me voyez venir gros comme le bras. Les gens de La Voix des citoyens ont le droit de s’opposer au projet de la rue Saint-Georges. Le promoteur du projet, s’il juge être victime de diffamation, a le droit d’intenter une poursuite contre eux. Je ne sais pas vraiment si j’approuve cette poursuite, surtout que nous ne savons pas exactement quels propos « diffamatoires » sont visés ici. Le promoteur Steve Richard insiste : il ne veut pas aller plus loin devant la cour. Il aimerait que les membres de la page Facebook se rétractent. Ces derniers n’ont pas l’intention de le faire, il semblerait.
Bon, c’est un peu le foutoir.
Je vais me faire très, mais très moralisateur à partir de maintenant. N’émettez pas votre opinion à tout vent sur les réseaux sociaux. Et je ne parle pas des membres de La Voix des citoyens, je n’utilise cette nouvelle que dans un dessein de discussion. Les mots sur Facebook restent; ça compte, ça peut vous rebondir en pleine face. Pour chaque publication Facebook que j’écris, il y en a 28 que je n’écris pas. Oui, le métier me pousse à plus de neutralité. Mais tout de même, ce conseil devrait servir. Nous sommes tous à une poursuite près.
Vous êtes en désaccord avec un projet municipal? Parfait. Écrivez votre publication; puis relisez-la. Puis relisez-la encore. Puis supprimez-la. Pensez-y, puis réécrivez-la. Puis supprimez-la. Tout le monde se fout de votre opinion sur Facebook.
Mais bon, vous tenez à influencer le débat? Prenez votre temps et profitez des avantages de l’écrit. Il est possible d’être mordant et percutant en nuances, sans tomber dans l’insulte ou la diffamation. Votre propos sera mieux entendu que vos quelques lignes assassines écrites sous la colère.
11 septembre 2019 - 15:16
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Vincent Guilbault
Le livre Le Style est ma bible du journalisme. Journaliste à La Presse, André Noël a écrit son ouvrage pour accompagner dans leur écriture les stagiaires au journal. Disponible en librairie, il est sur ma liste des ouvrages que je consulte régulièrement pour me rafraîchir les idées.
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