Selon plusieurs analyses faites par l’entreprise, mais qui n’ont pas été dévoilées au journal, l’entreprise ne pourra pas offrir à court terme une couverture cellulaire sans interruption en utilisant seulement les infrastructures actuelles de Belœil, McMasterville ou Mont-Saint-Hilaire. «Il n’y a rien d’assez haut ou d’assez près pour pouvoir répondre aux besoins et bonifier le service de façon importante pour la communauté», selon elle. L’entreprise aurait analysé le site de McMasterville, entre autres, qui ne serait pas suffisant pour offrir un service maximal sans l’ajout d’une installation à Otterburn Park.
«Concernant le site de McMasterville, nous n’avons pas eu cette information, affirme Alain Cousson, directeur général d’Otterburn Park. Nous considérons qu’il y a un potentiel sur le site de McMasterville et que ça ne justifie pas la tour à Otterburn Park. Malgré l’avoir demandé à plusieurs reprises, on n’a jamais obtenu [les données sur McMasterville]; Telus prétend nous les avoir remises, mais c’est totalement faux.»
Selon Mme Beaulieu, l’entreprise ne connaît pas de problème de couverture pour le moment, mais les prévisions et la croissance exponentielle de l’utilisation du service démontre un besoin d’installer une nouvelle infrastructure sur le territoire. «Si la municipalité d’Otterburn Park peut compter sur un service sans fil, c’est parce qu’il y a des sites sur les terrains des municipalités voisines, mais ces sites sont utilisés à grande capacité déjà et ne pourront pas venir [répondre] à la demande future.»
L’entreprise dit agir tout de suite avant de vivre des interruptions de services, citant en exemple la nécessité des services d’urgence ou les entreprises d’avoir un réseau fiable.
Pour M. Cousson, Telus peut bien prétendre depuis 2014 que le réseau va en souffrir à l’avenir, mais il souligne n’avoir jamais vu de preuve de ces allégations. «Nous n’avons pas vu les chiffres pour la couverture. Ce sont des mots, mais pas des chiffres. Nous n’avons pas toute l’information.»
C’est d’ailleurs un des points qui sera amené devant la Cour fédérale en 2019 par les avocats de la Ville, qui contestent le droit de Telus de bâtir sa tour, un droit accordé par le ministère de l’Innovation, des Sciences et du Développement économique Canada (ISDE) en juillet dernier.
Les Bosquets
Pour l’entreprise, le site des Bosquets actuellement retenu pour l’installation de la tour, et qui attire une grande partie du mécontentement populaire en raison de son cachet, n’est pas une nécessité. Si l’entreprise a ciblé ce secteur, souligne Jacinthe Beaulieu, c’est que dans les cinq dernières années, c’est le seul site qui a été accepté par la Ville par une résolution municipale. La porte-parole rappelle que l’entreprise et la Ville ont étudié une dizaine de sites, dont celui du garage municipal.
Contrairement aux prétentions des élus actuels, Mme Beaulieu affirme que l’entreprise a fourni toutes les informations nécessaires, tout en impliquant un expert indépendant dans le processus, pour que la Ville puisse prendre la bonne décision. «La question qu’il faut se poser, c’est: est-ce que la municipalité est ouverte à collaborer et à trouver des solutions constructives?».
Les opposants reprochent aussi à l’entreprise de vouloir installer une nouvelle tour non pas pour bonifier le réseau, déjà fonctionnel, mais pour louer des espaces à d’autres entreprises qui pourront ainsi élargir leur réseau. «Telus va installer et louer ses tours à des [entreprises] comme Fido, Koodo, Rogers, Bell ou autres», accuse M. Cousson. Une accusation que rejette Mme Beaulieu, sans exclure que de la location soit faite: «on ne bâtit pas notre entreprise sur des possibilités de colocation. C’est un investissement considérable de mettre une tour, c’est presque un demi-million [de dollars]. Notre visée première, c’est de bonifier le service.»
La porte-parole rappelle que les prétentions de l’entreprise ont bien été entendues par ISDE, qui a donné son accord à la compagnie pour installer sa tour. Dans un esprit de collaboration, souligne Mme Beaulieu, Telus a accepté de mettre le projet sur la glace jusqu’en juin à la demande de la municipalité.
De son côté, M. Cousson souligne que le lien entre Telus et l’ISDE n’est pas clair et limpide et que l’entreprise semble toujours «cacher des choses». «C’est pour ça que nous sommes suspicieux dans ce dossier», dit-il.