Si les artistes ne se connaissaient pas avant de déposer leur dossier au MBAMSH, la direction a constaté des idées complémentaires dans leur pratique et les a invitées à l’exposition collective Cordes sensibles, misant sur leur rapport avec les différentes matières fibreuses, qu’elles soient textiles ou industrielles.
Jolanta Sprawka, Dionysienne originaire de Pologne, privilégie dans sa pratique le tissage de matières comme le cellophane ou le Mylar, donnant des sculptures légères aux formes mystérieuses. « Mon médium principal, c’est vraiment le papier cellophane. J’ai été attirée par la légèreté du matériau et j’ai voulu créer à travers mes œuvres un monde anti-gravité et j’ai donc inventé un processus pour donner de la masse et du volume au cellophane, donner l’impression qu’il flotte. C’est aussi intéressant de voir comment ce matériau capte la lumière. »
Elle a aussi un faible pour le mouvement de la spirale, incorporée dans la plupart de ses œuvres, presque toutes suspendues. « Avec la ventilation de la salle, ça fait en sorte que les sculptures sont en léger mouvement. Cela peut donner l’impression qu’on est dans l’espace ou dans la profondeur des mers, mais je laisse cela à l’imagination des visiteurs! Les enfants en particulier sont très intéressés par mon art parce que je les encourage à toucher les œuvres! C’est une expérience sensorielle, autant par la vue que par le toucher : l’expérience directe avec l’art est importante pour moi », ajoute-t-elle. Plusieurs créations sont aussi bonifiées par des attaches autobloquantes (ou « tie wraps ») ou du fil de fer. « Les tie wraps servent souvent d’expansion à la sculpture. Ils font partie du processus de tissage et j’aime montrer mon processus au public; rien n’est caché! » Selon la Dionysienne, les mots « magique » et « onirique » reviennent souvent pour décrire son art, qui laisse volontairement beaucoup de place à l’interprétation des visiteurs.
Tisser des liens
Invitée à commenter les liens avec les œuvres de ses collègues Martine Bertrand et Johanne Bilodeau, Jolanta Sprawka note le fait qu’elles préconisent, comme elle, le minutieux travail à la main. « Avec celles de Martine, je vois aussi une certaine fragilité et une féminité dans les œuvres. » « Ce qui nous a sauté aux yeux dans leurs dossiers respectifs, c’est l’utilisation du matériau comme la corde ou la ficelle. Jolanta détourne un matériau pour le transformer, alors que Johanne travaille avec précision et minutie en faisant de fins traits au pinceau. Martine utilise la laine avec des fils minces et de la ficelle dans ses œuvres. Même si leurs trois univers sont complètement différents, leur art présente plusieurs points de convergence », ajoute la directrice générale du MBAMSH, Geneviève Létourneau.
L’exposition Cordes sensibles est présentée dans la salle des expositions temporaires du Musée jusqu’au 12 janvier prochain. Info : mbamsh.com.