20 mai 2025 - 05:00
Tout ça pour ça (2)
Par : Vincent Guilbault
Vincent Guilbault

Vincent Guilbault

C’était le titre de mon dernier édito sur Northvolt, en mars dernier, alors qu’on apprenait la faillite de la maison mère.

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Je disais ceci : « C’est l’arrêt net d’un momentum. Bien sûr, on nous promettait une foule d’impacts positifs avec l’implantation de l’usine. L’expérience de Skellefteå, en Suède, où Northvolt s’est installée en 2017, laissait entrevoir une explosion démographique. Cette croissance avait stimulé divers secteurs économiques, de la restauration au commerce de détail. Ici, on parlait de plusieurs centaines d’emplois directs et de nouvelles opportunités d’affaires pour les fournisseurs locaux. »

L’usine devait jouer le rôle de catalyseur. Finalement, on se retrouve avec un terrain plus dévasté que jamais, des milieux humides rasés et une rivière dopée d’un cocktail de contaminants. Pourtant, quand des citoyens ont levé le drapeau rouge en décembre dernier, l’entreprise a remis en doute leurs compétences et leurs arguments, tandis que le ministère refusait de répondre. On sait maintenant que des hydrocarbures, des métaux et autres substances cancérigènes ont été détectés, nous apprend Le Devoir.

Il y a eu deux avis de non-conformité transmis par le ministère de l’Environnement. À la défense de l’entreprise, les contaminants étaient là bien avant l’arrivée de Northvolt. Mais il reste qu’avec la faillite de l’entreprise, c’est probablement nous qui allons devoir payer pour gérer ces fuites! Et toujours pas d’amende; et pas beaucoup plus de transparence!

C’est le point qui me fâche le plus dans toute cette saga : le manque de transparence. Tout ce qui concerne les contaminants, certes, mais aussi tout ce qui touche à la (non) tenue d’un BAPE. Avec le recul, je sens que mon gouvernement m’a caché des choses, et ça, je déteste ça, provenant d’une entité qui est supposée me représenter.

Et, pendant ce temps, la direction de Northvolt Amérique du Nord se vide. En quelques semaines, plusieurs acteurs clés de l’entreprise sont tous partis. Un à un. Le projet de 7 milliards de dollars (dont les 270 millions déjà perdus), financé par les contribuables, n’a plus vraiment de direction… Imaginez ce qu’on pourrait faire avec 270 M$! J’aime mieux ne pas trop y penser, ça fait mal au cœur.

J’ai vraiment le sentiment d’un échec collectif. Le gouvernement, nos municipalités, nos artisans économiques. Les seuls qui doivent sourire un peu aujourd’hui, ce sont tous ces militants écologistes qui s’acharnent depuis le début à dire que l’arrivée de l’usine allait être un désastre pour l’écosystème en place. Et pas un sourire du genre satisfait; plus un sourire jaune en coin, du type « on vous l’avait dit ».

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