6 mai 2020 - 14:05
Tracer la ligne
Par: Vincent Guilbault
Vincent Guilbault

Vincent Guilbault

Ils sont tous en colère, pour ne pas utiliser un autre mot plus… biblique. Car contrairement aux autres, les commerçants de la région devront ouvrir leurs portes deux semaines après les autres. Et en mai, juste avant la saison chaude, deux semaines, c’est une éternité.

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Dans sa page éditoriale, le rédacteur en chef du Courrier de Saint-Hyacinthe, Martin Bourassa, ironise en soulignant qu’on venait enfin de « trouver un avantage au non-prolongement du train de banlieue vers Saint-Hyacinthe. Le fait de ne pas être incluse dans la Communauté métropolitaine de Montréal permet à la région maskoutaine une reprise plus rapide de ses activités ».
Exemple : le Sports Experts de Belœil doit rester fermé jusqu’au 18 mai. Mais les commerces d’équipements sportifs de Saint-Hyacinthe, par exemple, peuvent déjà ouvrir leurs portes depuis lundi. Pourquoi? Car les villes de la région font partie de la CMM. C’est quoi, ça, la CMM? Pour citer l’organisme lui-même : créée en 2001, la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) est un organisme de planification, de coordination et de financement qui regroupe 82 municipalités, soit 4 millions de personnes réparties sur un territoire de plus de 4360 km2.
C’est au sein de cet organisme que les villes discutent de la densification du territoire. Si vous voulez savoir comment la CMM impacte votre vie concrètement, dites-vous que vous payez un peu de taxes pour la gestion du transport en commun montréalais, par exemple.
Quelle région ouvre, quelle région attend? Il fallait tracer une ligne. C’est donc probablement pour une question de simplicité que le gouvernement a choisi d’exclure les commerçants des municipalités de la CMM du gros party de réouverture. Car si le gouvernement veut exclure Montréal, il veut aussi exclure Longueuil ou les autres villes limitrophes touchées davantage par la pandémie que les villages du Bas-Saint-Laurent, soyons honnêtes. Malheureusement, ça touche aussi les municipalités de la Vallée-du-Richelieu. Est-ce que Belœil est plus touché que Saint-Hyacinthe par la COVID-19? J’en doute et les chiffres, en toutes proportions, semblent indiquer que Belœil n’est pas plus « chaude » que Saint-Hyacinthe. Nous avons probablement plus de travailleurs qui transigent vers Montréal; ça explique sûrement le raisonnement. Mais pour tracer notre ligne, aurions-nous pu choisir d’autres critères, comme les grands axes routiers, notamment l’autoroute 30, comme se questionne la Chambre de commerce et d’industrie de la Vallée-du-Richelieu? La question se pose.
Mais bon, c’est le détail. La réalité, c’est que nos commerçants doivent fermer leurs portes alors que leurs compétiteurs peuvent, eux, recommencer les affaires, quoique de façon limitée.
Et soyons nuancés. Je ne dis pas que les commerces doivent ouvrir leurs portes en pleine pandémie. Le principe de précaution est maintenu et certaines personnes souffrent davantage du virus. Les commerçants interviewés pour notre reportage reconnaissent la volonté du gouvernement de prioriser la santé publique. Mais pourquoi eux et pas les autres ? C’est la question qu’ils se posent et, franchement, je me pose un peu la même.

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