Les marguillers réfléchissent depuis un peu plus d’un an à la transformation du bâtiment, confie le marguiller Martin Pilon. «L’église ne sert que pour le culte et dans l’état actuel des choses, ce n’est pas rentable, confie-t-il. C’est un immeuble encore en très bon état, mais si on continue comme ça, ça ne pourra pas durer», prévient-il.
Les uniques revenus sont actuellement les offices religieux et la dîme, des rentrées insuffisantes pour compenser les dépenses. La messe se donne même dans la sacristie de l’église pour économiser les coûts. Vu le peu de nombre de fidèles, le coût d’entretien et de ménage pour une messe dans la nef devenait trop dispendieux.
Transformation
L’église de Saint-Charles telle qu’elle existe aujourd’hui a été construite en 1819. Elle a toutefois été reconstruite dans les années 1920, après la destruction de l’intérieur par un incendie accidentel en 1922.
Le projet de transformation vise à convertir le bâtiment en une salle multifonctionnelle de 250 places qui pourrait accueillir des spectacles, des rassemblements ou des événements privés. Le marguiller est convaincu que cette nouvelle offre de salle dans la région, combinée à la beauté du site sur le bord du Richelieu, pourra permettre à l’église de tirer son épingle du jeu. «Ce qu’on veut, c’est redonner une nouvelle vie à l’église par un usage différent», explique M. Pilon.
Les bancs de l’église seront vendus pour faire place au projet et en financer une partie. Les marguillers souhaitent à la place y mettre des tables et des chaises. Le projet comprend aussi une scène amovible qui sera installée devant le chœur.
Malgré la transformation, le bâtiment continuera de recevoir des offices religieux. «On ne touche pas au chœur de l’église (partie réservée au curé). On va simplement le séparer par des rideaux de scène [lors d’un événement]», explique le marguiller. Le jubé et l’orgue demeureront aussi inchangés.
Le conseil souhaite engager le processus à l’automne pour que la transformation soit achevée en 2019. Ils ont déjà consulté une architecte pour estimer l’ampleur des travaux. M. Pilon estime que le projet pourrait coûter 75 000 $.
Consultation
Les marguillers ont d’ailleurs mis le conseil municipal et le diocèse au courant de leur projet. Selon M. Pilon, le Diocèse de Saint-Hyacinthe a donné son accord, à certaines conditions.
Le conseil de Fabrique tiendra d’ailleurs une soirée de consultation le 26 juin, à 19h30 à l’église, pour les citoyens. Le but est de mettre les citoyens au courant du projet et de sa raison d’être, mais aussi de faire un remue-méninges pour le bonifier. M. Pilon prévient toutefois que le but de la rencontre n’est pas d’obtenir l’approbation des citoyens, car le projet est déjà en marche. Il croit toutefois qu’il faudra désensibiliser certaines personnes.
«On a pas le choix de le faire. […] On ne fait pas une consultation pour demander l’autorisation aux citoyens, dit-il. D’ici 5-6 ans, si on ne fait rien, il n’y aura peut-être plus d’église pour les générations qui vont suivre.»
Le maire de Saint-Charles-sur-Richelieu, Marc Lavigne, croit que l’idée du conseil de Fabrique est bonne et croit aussi que l’on peut se questionner sur la nécessité d’un bâtiment si grand pour vivre sa foi, mais il attend d’en apprendre davantage lors de la rencontre citoyenne. La municipalité accompagnera les marguillers dans processus. Il souligne que cette nouvelle salle pourrait avoir une portée régionale.
D’autres transformations
La transformation des lieux de culte s’accélère à l’échelle de la province depuis les dernières années. Certains lieux de culte sont devenus des centres sportifs, des centres multiculturels, des bibliothèques ou même des projets domiciliaires. Plusieurs projets ont d’ailleurs choisi, comme Saint-Charles, de conserver le chœur en le séparant de la salle par un rideau.