Lors de cette soirée, Toxic a vaincu Kevin Blanchard au Centre Horizon de Québec pour devenir champion de la North Shore Pro Wrestling (NSPW). Basée dans la région de la Vieille Capitale, cette promotion de lutte s’est imposée comme la plus importante au cours de la dernière décennie. La NSPW a d’ailleurs été nommée en 2023, pour une 13e année consécutive, la promotion de l’année aux prix de l’année dans la lutte au Québec. Ces prix sont d’ailleurs chapeautés par l’historien de la lutte et commentateur de la réputée World Wrestling Entertainment (WWE) à TVA Sports, Patric Laprade.
Travis Toxic poursuit donc sur une bonne lancée qu’il a amorcée en 2023, qui s’est avérée une grosse année pour lui. L’an dernier, il a eu la chance d’affronter devant une salle comble le lutteur japonais de renommée internationale Kenta, de la New Japan Pro-Wrestling (NJPW).
« C’est un des matchs dont je suis le plus fier. En plus d’avoir affronté un lutteur de ce calibre, j’ai livré la marchandise. J’ai déjà affronté de gros noms plus jeunes, dont mon idole Paul London. J’avais toutefois trop voulu bien faire. Là, j’ai l’état d’esprit que je suis la meilleure des deux personnes qui se trouve dans le ring », ajoute le lutteur qui a lutté par le passé aussi contre Johnny Gargano, Matt Riddle et Drew Gulak, des athlètes qui se sont produits dans un ring de la WWE.
Son combat contre Kenta a d’ailleurs été premier finaliste au prix du match de l’année au Québec. Travis Toxic a aussi été le premier finaliste au prix de personnalité la plus populaire et a terminé 8e au palmarès des dix meilleurs lutteurs indépendants au Québec. Il a aussi remporté le prix Édouard-Carpentier remis au meilleur lutteur de haute voltige.
« Travis Toxic a fini par atteindre son plein potentiel. Il s’est mis en forme et s’est mis focus dans son entraînement. Il s’est développé encore davantage en 2023. Il a été assez incroyable contre Kenta. Il a élevé son talent d’un cran », reconnaît Patric Laprade.
Travis Toxic est confiant pour sa part que son année 2023 et les prochains mois lui permettront de percer le classement du top 500 des meilleurs lutteurs au monde de la publication Pro Wrestling Illustrated. Il a été nommé trois fois dans ce palmarès, la dernière étant en 2019 avec son meilleur classement, soit le 350e rang. « C’est surtout une mention que tu es fier de montrer à ton entourage plus que d’autre chose. »
Grâce à son frère
Mathieu Darsigny a commencé à regarder la lutte aux débuts des années 90 sur vidéocassette quand il se faisait garder par sa tante. Son intérêt s’est dissipé par la suite, mais il a été ravivé plusieurs années plus tard grâce à son frère aîné David qui enregistrait la lutte. Son frangin a commencé à suivre des cours de lutte à Saint-Hyacinthe et il a décidé de l’imiter. Il a appris les bases de la part de Kevin Alexandre, connu aujourd’hui sous le nom du Comte de Mansontown.
« Au début, les fédérations ne lui donnaient pas sa chance, car il luttait dans une fédération qui avait mauvaise réputation. J’ai décidé de lui donner la chance, car je voyais le potentiel et la volonté d’apprendre », se rappelle Kevin Alexandre.
Travis Toxic a continué son apprentissage de lutte avec Surfer Mitch Thompson de Granby. Il a ainsi poursuivi son envol et a roulé sa bosse dans plusieurs fédérations de la province. Il a eu la chance de combattre tous les lutteurs connus de la scène québécoise indépendante. Aujourd’hui, il est une des têtes d’affiche de la NSPW, où il lutte depuis de nombreuses années. Il se produit aussi à l’occasion dans d’autres promotions de lutte.
« Travis a une belle évolution au niveau de la maturité. Je l’avais croisé quand il a commencé à Granby. Je lui avais fait un commentaire sur quelque chose pour lui permettre de s’améliorer et il n’avait pas été content de la critique. Quelques années plus tard, il me demandait des commentaires », souligne Patric Laprade.
Les ligues majeures pas à l’horizon
Bien que ses proches le croient être en mesure de briller devant un plus large auditoire, Travis Toxic n’entretient aucune aspiration sérieuse pour percer les rangs des trois plus importantes fédérations de lutte aux États-Unis qui sont dans l’ordre la WWE, la All Elite Wrestling (AEW) du milliardaire Tony Khan et la Total Non Action Wrestling (TNA) qui est dans le décor depuis plus de 20 ans.
Selon Patric Laprade, Toxic aurait notamment besoin de se faire connaître sur la scène indépendante américaine et ainsi s’expatrier. Sans compter que les lutteurs canadiens doivent avoir un permis pour pouvoir lutter au sud de la frontière, un processus complexe.
Travis Toxic met toutefois sa famille en priorité. Âgé de 31 ans et père d’une jeune fille, il occupe un emploi de conseiller technique dans le domaine de l’automobile. « J’ai une vie rangée maintenant. Je me dois d’avoir une stabilité financière. On a vu en pandémie comment les choses peuvent changer vite. La lutte ne rapporte pas d’énormes sous au Québec. Ça s’appelle lutte professionnelle pour la distinguer surtout de la lutte olympique. Il faut aussi bien s’entourer et savoir se vendre. Être plus jeune, j’aurais sûrement poussé plus. Je pense que j’aurais pu être crédible dans un ring de la WWE. »
Toxic ne regrette toutefois aucunement son parcours. « J’ai accompli pas mal ce que je pouvais accomplir, mais j’ai encore dix bonnes années de lutte devant moi. Je veux bien sûr partager mon expérience avec les futurs lutteurs. Et je souhaite que la lutte au Québec redevienne populaire comme elle l’était il y a plusieurs années. À une époque, c’était plus écouté que le hockey. J’aimerais aussi qu’on puisse un jour vivre de la lutte au Québec. »
Origine de son nom
Au départ, le personnage de Travis Toxic était dans le scénario un petit gars radioactif originaire de Tchernobyl en Ukraine. Au fil des années, Travis Toxic est devenu plus le reflet de la personnalité de Mathieu Darsigny, un mec adepte de skate. « C’est ma sœur qui a trouvé d’abord le nom Toxic. J’ai ajouté le nom Travis plus tard alors que c’était un prénom qu’on suggérait quand tu créais un lutteur dans les jeux vidéo. »
Il y a quelques années, au déconfinement de la pandémie, il a essayé de s’approprier le nom DARS, un diminutif de son nom de famille. Il voulait du changement, mais il s’est rendu à l’évidence que le nom Travis Toxic lui restait collé à la peau.