7 octobre 2020 - 13:26
Trois options
Par: Vincent Guilbault

Vincent Guilbault

Je vous l’avoue franchement : sacrifier le champ de pratique pour un complexe d’habitation ne me dérange pas du tout. D’abord, je le dis et le répète, ce terrain n’est pas un écosystème exceptionnel.

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Attention, je garde en tête que le Mouvement ceinture verte s’inquiète de la perte d’espaces verts à Belœil et que l’occasion qui se présente ici pourrait permettre de verdir un peu la ville. Mais pour le moment, c’est du gazon d’un bord à l’autre. Donc, quand le groupe en faveur d’un parc nature me parle de « l’avenir de nos enfants » à chaque deux phrases de communiqués, j’en prends et j’en laisse, comme on dit.
Maintenant, ça ne veut pas dire que l’on doit modifier le zonage pour permettre le développement résidentiel. D’abord, parce qu’il semble que bâtir des condos ou des logements, ce soit la seule chose qu’on soit capable de faire avec nos espaces. Et deuxièmement, les actionnaires du golf auront beaucoup de misère à me convaincre que la conversion du champ de pratique est une solution permanente à leurs problèmes financiers.
Malgré tout l’argumentaire des gens du golf, le sport n’est pas en grande forme et il n’a peut-être pas su se réinventer. Oui, les terrains ont attiré les foules cet été, contexte oblige.
Mais je ne pense pas que le sport va connaître un essor à un point tel que cette rentrée d’argent va assurer la pérennité du club. Quelles garanties avons-nous que les actionnaires ne voudront pas convertir le parcours en un 12 trous en vendant une autre parcelle dans quelques années? Par la nature privée du golf, il faut se fier à la parole des actionnaires pour la valeur de la dette, mais aussi pour leur promesse : ce n’est que 5 % du terrain qui est sacrifié. Pour le moment, oui. Ça ne me rassure pas tant.
D’entrée de jeu, je me suis permis un crochet au groupe Mouvement citoyen, un parc nature pour tous. Faut dire que ça peut exaspérer de voir sur leur page Facebook des images de forêts boréales pour parler du golf, comme si la sauvegarde du patrimoine mondiale passait par l’avenir du terrain. On prend une bouffée d’air et on nuance s.v.p.
Ceci dit, le groupe soulève de bonnes questions, de très bonnes questions. Pourquoi aucun débat sur l’avenir du golf et d’un potentiel parc urbain? La Ville admet que sa démarche est informative, en premier lieu, puis consultative en second. Mais les gens sondés par la Ville n’auront pas toute l’information en main. Certes, l’achat du terrain par la Ville résultera par une hausse du compte de taxes, mais la Ville se veut timide en parlant (ou pas) de subvention ou de programmes gouvernementaux. En jouant la carte de la neutralité, la Ville se déresponsabilise en partie aussi et remet la décision entre les mains de gens qui seront seulement en partie informés. Les opposants aux projets font un travail colossal pour soulever les problèmes de cette consultation sans débat. Ça frise parfois la mauvaise foi, certes. Mais encore une fois, nous ne parlons pas d’un groupe d’experts entourés d’une firme de communication. En ça, je suis indulgent.
Je lève toutefois mon chapeau à la Ville malgré tout, qui accepte encore les mémoires sur l’avenir du terrain. La consultation, dans tout ce qu’elle avait d’imparfait en raison de la pandémie, a livré ce qu’elle avait promis : une soirée d’information, toujours disponible en ligne, qui présente aux résidents de Belœil les trois options qui s’offrent à eux. Le statu quo, l’achat de gré à gré ou forcé du terrain, ou l’acceptation du projet du golf. Une acceptation conditionnelle à un feu vert des riverains du terrain, bien sûr. Mais nous y reviendrons.

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