Dans une conférence de presse tenue conjointement lundi matin, le Comité Action Citoyenne – Projet Northvolt (CAC), la Société pour vaincre la pollution (SVP) et la Société pour la nature et les parcs (SNAP Québec) ont rendu publiques les données d’échantillonnages des écoulements du site Northvolt, effectués par des citoyens en septembre 2024. « Il y a un risque de contamination de la rivière Richelieu causée par les travaux sur ce site contaminé par la compagnie CIL. Les substances toxiques détectées, comme les HAP (hydrocarbures aromatiques polycycliques) et l’arsenic, dépassent les niveaux pouvant causer des effets négatifs au milieu aquatique. Il faut agir pour arrêter ces écoulements polluants du site de Northvolt », a souligné Daniel Green, écotoxicologue à la SVP.
Selon la coalition, la présence de concentrations élevées de certains hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) dans les sédiments de la rivière dépasse de huit fois la limite jugée acceptable pour éviter un impact négatif sur l’écosystème. Ces substances sont reconnues pour être cancérigènes chez l’humain et les poissons, notamment le chevalier cuivré, une espèce unique et fragile du Québec.
La coalition rappelle que la future usine de Northvolt reposera sur des sols contaminés par plus de 100 ans d’activités industrielles lourdes visant notamment la production d’explosifs, de munitions, d’engrais chimiques et de peinture.
Des actions immédiates à prendre
Les trois organisations demandent la prise en charge des analyses toxicologiques par les deux ministères de l’Environnement (fédéral et provincial) et la mise en place d’un système de confinement et de traitement de l’eau pour éviter la contamination de la rivière Richelieu. Ils déplorent aussi avoir dû eux-mêmes collecter de l’information et dévoiler les résultats publiquement, deux tâches qui reviennent aux spécialistes des ministères provincial et fédéral de l’Environnement.
Le collectif croit aussi que les difficultés financières de l’entreprise, qui se traduiront probablement par un retard dans la mise en opération de l’usine, sont l’occasion idéale pour le gouvernement québécois de déclencher un processus d’évaluation environnementale.
Réplique de Northvolt
De son côté, l’entreprise a voulu contredire les arguments du collectif. Selon elle, l’échantillonnage a été réalisé en dehors du site de Northvolt et de la zone des travaux, et il est impossible d’affirmer que les résultats sont directement liés aux activités de Northvolt. Les résultats peuvent être influencés par d’autres sources, par exemple l’eau de ruissellement de la route 223 ou encore les autres affluents du ruisseau Bernard, clame l’entreprise par voie de communiqué.
L’entreprise met aussi en doute les qualifications des citoyens qui ont pris les échantillons.
Northvolt dit procéder chaque semaine à l’analyse de plusieurs échantillons d’eau pluviale. Une centaine de paramètres sont ainsi surveillés. « Des résultats obtenus par Northvolt en juillet et août 2024 indiquaient des concentrations élevées de matières en suspension et de certains métaux présents dans les sols. À la suite de la mise en place de mesures de contrôle de l’érosion additionnelles sur le terrain (ex. ensemencement des fossés, bermes filtrantes, géotextiles, etc.), nous n’avons pas mesuré de dépassement des critères applicables à un rejet au Richelieu. Nos résultats ne démontrent actuellement aucun enjeu de fuites de contaminants vers la rivière Richelieu. »
Northvolt dit implanter des mesures de contrôle pour éviter les rejets de contaminants dans l’eau de ruissellement provenant de son terrain, mais n’a pas de contrôle sur les activités ayant lieu à l’extérieur et pouvant engendrer de possibles rejets aux cours d’eau (ex. activités agricoles, circulation routière, etc.).
Northvolt analyse la qualité de l’eau pluviale qui s’écoule de son site, notamment pour les HAP. Depuis le début des travaux, Northvolt a analysé 27 échantillons d’eau s’écoulant hors de son site pour les HAP. Aucun de ces échantillons ne dépasse le critère de rejet à la rivière Richelieu déterminé par le MELCCFP pour l’anthracène.
Un système de confinement et de traitement de l’eau pour éviter la contamination de la rivière Richelieu est déjà en place sur le site de Northvolt. L’utilisation d’un tel système va au-delà des pratiques usuelles des chantiers de construction et fait partie intégrante du plan de gestion environnemental du site.