6 mars 2024 - 07:00
Trop peu, trop tard
Par: Vincent Guilbault
Vincent Guilbault

Vincent Guilbault

Nous parlons de Northvolt depuis des mois. Vous et moi, nous commençons à connaître un peu le sujet. Nous découvrons encore de nouvelles données, mais nous sommes presque tous déjà devenus un peu des experts. En fait, la plupart d’entre nous se sont déjà fait une tête sur le sujet. C’est pour ça que les deux rencontres organisées par le gouvernement pour répondre aux questions du public et présentées les 28 et 29 février arrivent bien tard; beaucoup trop tard.

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J’ai assisté à la séance du 28 février à McMasterville. Les huit fonctionnaires des ministères de l’Environnement, de l’Économie et des Transports ont franchement fait un bon travail de concision et de mise en contexte du projet Northvolt. On y apprenait quelques détails et c’était un excellent résumé du sujet présenté en une heure. Pour quelqu’un qui ne connaissait pas le sujet, il ressortait de cette rencontre avec un portrait global très juste.

Le problème, c’est que les gens connaissent de plus en plus le dossier. De nombreux journalistes étalent chaque semaine les incohérences dans le discours politique et mettent à jour les impacts de la giga-usine sur le terrain.

Personne ne s’est donc présenté à la rencontre du 28 février avec un esprit réceptif à des réponses. Les gens en faveur du projet ont déjà fait leur choix, et les opposants ont déjà obtenu réponse à leurs questions. C’est d’ailleurs ces derniers qui ont massivement pris la parole pour « poser des questions ». Je mets entre guillemets, car je n’ai pas tant entendu de questions, mais plutôt des craintes et des accusations, le tout sous les applaudissements d’une partie de l’assistance. Certains ont aussi profité de la magie des téléphones portables pour se filmer et ainsi diffuser en direct leur intervention sur leurs réseaux sociaux. Je pense notamment à Jacinthe Villeneuve, du Comité action citoyenne : Projet Northvolt, qui s’est filmée au micro avec ses 17 pages de questions (oui, 17) pour marteler les fonctionnaires. Mme Villeneuve ne voulait pas de réponses; elle voulait rappeler son mécontentement et celui des membres de sa page Facebook.

Difficile de lui en vouloir. Cette foire aux réponses du gouvernement arrive beaucoup trop tard, alors que l’exercice était d’abord prévu en novembre dernier, mais annulé pour des raisons techniques. On voulait mieux s’organiser pour avoir les réponses aux questions, résume-t-on. C’est bien triste, mais depuis des mois, les gens en quête de réponses se sont tournés vers d’autres sources pour comprendre ce dossier. Il ne fallait donc pas s’attendre à autre chose qu’à un dialogue de sourds.

Encore une fois, je réitère que je ne m’oppose pas nécessairement au projet. Mais je partage tout de même un point avec les opposants : il est un peu trop tard pour nous jouer la carte des réponses et de la transparence. Le gouvernement Legault l’a échappé sur celle-là.

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