Pas le choix d’y être; nos lecteurs sont sur la plateforme et, si nous voulons rejoindre ceux qui n’ont pas le réflexe du papier, Facebook nous porte jusqu’à eux. Le réseau social nous permet d’échanger directement avec nos lecteurs. C’est aussi pour eux une façon de s’informer de ce qui se passe dans la région.
Mais les beaux côtés de cette relation s’arrêtent ici.
Pour le reste, Facebook prend, mais ne donne jamais. Il bouffe nos revenus publicitaires, accapare nos articles sans donner une cenne aux journalistes; pire, il nous divise en sous-groupes sans jamais nous réunir vraiment. C’est une sangsue rusée et tentaculaire.
Dans un texte publié par The Guardian, la très crédible journaliste et commentatrice Carole Cadwalladr n’hésite pas à comparer Facebook et son fondateur et président, Mark Zuckerberg, à la Corée du Nord. Oui, à une dictature.
Traduction libre de l’anglais : « Facebook est une compagnie qui a facilité une attaque d’une nation étrangère sur les élections américaines, une compagnie qui a permis la diffusion en direct d’un massacre à des millions d’utilisateurs et qui a aidé indirectement à la promotion d’un génocide (NDLR : le peuple des Rohyngar, en Birmanie). Un génocide qui a causé la mort de dizaines de milliers de personnes et qui a poussé des centaines de milliers d’autres à l’exile. » Facebook est un empire global mené sous la forme d’une dictature, pour emprunter les mots de Mme Cadwalladr.
Mais Facebook est aussi un terreau fertile pour la désinformation. Depuis quelques semaines, l’endroit est pollué par la conspiration et les théories du complot. Et comme les théories du complot font appel à nos émotions et non à notre jugement, on peut facilement deviner quelles nouvelles se retrouvent le plus souvent sur nos murs…
Oui, au-delà des vidéos drôles et des discussions entre amis, Facebook est une méga gogosse qui ne sert jamais les intérêts du local et des communautés.
L’Œil Régional, et son entreprise mère DBC Communications, invitent donc les entreprises, mais aussi les organismes municipaux, à boycotter Facebook sur le plan de la publicité. Chaque dollar versé à l’entreprise est un dollar qui appuie une entreprise qui a échoué à protéger le droit des minorités, comme le montre le mouvement Black Lives Matter, et qui a aussi fragilisé à sa façon les liens qui nous unissent. Une entreprise amorale qui siphonne l’argent qui devrait revenir à notre région.
Et dans une approche plus positive, j’invite les entreprises et organismes municipaux à se réapproprier l’espace publicitaire de leur journal local, non pas pour faire mal à Facebook, mais dans une approche d’entraide. Le journal local réinvestit dans la région, embauche des journalistes et met en lumière les réussites des gens d’ici (et ses travers; c’est aussi ça la job). En gros, il parle de nous alors que Facebook attend juste vos clics et vos données personnelles.
Des entreprises comme Coca-Cola ou des gouvernements comme celui de la CAQ ont déjà cessé d’utiliser Facebook pour leur publicité afin de se tourner vers les médias traditionnels qui, contrairement à ce que bien des complotistes peuvent penser, ont fait leurs preuves, autant d’un point de vue publicitaire que rédactionnel.
17 juillet 2020 - 18:16
Un ami toxique
Vincent Guilbault
Vous lirez probablement ce texte dans le journal. Sinon, de bien grandes chances que vous le trouviez en ligne sur Facebook. Pour les journalistes, Facebook est le grand paradoxe de notre époque. C’est en quelque sorte l’ami toxique qui va finir par nous détruire.
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