3 mars 2025 - 05:00
Un autre sursis pour La Maison autochtone
Par: Denis Bélanger
La Maison autochtone. Photothèque | L’Œil Régional ©

La Maison autochtone. Photothèque | L’Œil Régional ©

Malgré l’échéance du 28 février de son bail, La Maison des peuples autochtones pourra rester au bâtiment municipal de la montée des Trente à Mont-Saint-Hilaire au moins jusqu’à la fin avril.
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La Ville, propriétaire du bâtiment, a décidé la semaine dernière de prolonger l’occupation des lieux par l’organisme jusqu’au 30 avril 2025 afin de permettre à l’enquête du cabinet comptable Raymond Chabot Grant Thornton de se conclure. Une lettre à cet effet a été envoyée le 26 février au président du conseil d’administration du musée, Kenny Régis.

Aucune information n’a été fournie par la Municipalité sur ce dossier. On nous a toutefois avisé que le maire pourrait apporter des précisions à la prochaine séance du conseil ordinaire du conseil municipal du 3 mars. Cette assemblée n’avait pas encore eu lieu au moment de la publication de cet article.

La directrice générale de La Maison autochtone, Chantal Millette, a commenté brièvement la situation qui, selon elle, cause beaucoup de torts à l’organisme ainsi qu’à son endroit. « Les fausses rumeurs de non-reddition de comptes continuent de ternir l’image de La Maison autochtone ainsi que la mienne, en tant que gestionnaire. Cette situation porte atteinte à la réputation d’un organisme qui, depuis 25 ans, fait rayonner la culture des Premières Nations à partir de Mont-Saint-Hilaire. »

Mme Millette ajoute que la prolongation de deux mois engendre des coûts pour La Maison autochtone. « Le musée doit assumer un loyer à la Ville depuis maintenant 15 mois, sans la compensation financière de l’entente à intervenir, fragilisant ses finances. »

Rappelons que les deux camps n’avaient pas été en mesure au début de 2024 d’en venir à une entente et un bail a été reconduit tacitement. Le maire de Mont-Saint-Hilaire, Marc-André Guertin, avait finalement durci le ton en novembre en indiquant que le bail ne serait plus reconduit sous les modalités actuelles de l’entente. La Ville avait accepté avant les fêtes de prolonger le bail de deux mois alors que les discussions allaient dans la bonne voie.

Une chicane interne a toutefois éclaté au sein du musée alors que les deux membres en poste du conseil d’administration, Richard Ruest et Alain O’Bomsawin, ont notifié par voie de mise en demeure que la directrice générale, Chantal Millette, était licenciée sur une base temporaire. Une assemblée générale extraordinaire a eu lieu par la suite et un tout nouveau conseil d’administration a été nommé. Mme Millette est ainsi toujours en poste pour le moment. Ce sont ces nouveaux développements qui ont mené la Municipalité à suspendre les négociations pour faire exécuter par Raymond Chabot Grant Thornton un audit sur l’institution muséale.

Dossier en voie de se régler

La Maison autochtone semble toutefois en voie de régler un autre dossier qui trainait à la MRC de La Vallée-du-Richelieu (MRCVR). Cette dernière a reçu la semaine dernière toutes les pièces justificatives liées au projet « Le Bestiaire en cavale ». Ce projet consistait en une tournée d’animations culturelles de contes et légendes dans plusieurs municipalités.

La Maison autochtone avait réussi à obtenir 8000 $ pour le projet dans le cadre du Fonds de développement culturel 2023 de la MRCVR. Un montant de 6000 $ avait été versé jusqu’à maintenant et le musée devait compléter sa reddition de compte pour obtenir le 2000 $ restant.

À la séance du conseil de la MRC du 20 février, les élus ont adopté une résolution sommant le musée de compléter sa reddition de compte au plus tard le 31 mars, sans quoi il perdrait cette somme de 2000 $.

Mise au courant de la situation par le journal, la direction générale de La Maison autochtone s’est montrée surprise, soutenant avoir envoyé un rapport à l’organisme vers la fin décembre.

La MRC a rapporté au journal qu’une mauvaise adresse courriel avait initialement accueilli la documentation. Toujours selon la MRCVR, le premier envoi de documents ne contenait pas toutes les pièces requises, ce qui a été corrigé par la suite. « Le dossier sera finalisé sous peu », déclare la porte-parole de la MRCVR, Caroline Deschamps.

Une réplique à André Michel

Dans un autre ordre d’idées, l’ancien président du conseil d’administration de la Maison, Richard Ruest, a tenu à répliquer à une lettre d’opinion signée de la main d’André Michel, le fondateur de la Maison, publiée dans nos pages le 18 janvier dernier.

Dans la lettre en question, M. Michel tenait à répondre à Jacques T. Watso, du Conseil des Abénakis d’Odanak, qui l’accusait de faire de l’appropriation culturelle à La Maison autochtone. M. Watso remerciait M. Michel de son apport comme allié, mais l’invitait à laisser la gouvernance de l’institution aux Premières Nations. Dans sa réplique, M. Michel a plutôt affirmé que ses actions étaient de « l’appréciation culturelle », profitant du même coup pour critiquer les personnes opportunistes, « des individus qui n’ont jamais vécu en forêt ni sur une réserve, mais qui ont travaillé très fort pour trouver dans leur lignée quelques gouttes de sang [autochtone] ».

Selon Richard Ruest, André Michel évite un enjeu, « soit le contrôle qu’un non-Autochtone continue d’exercer sur une institution censée les représenter. Peu importe tes intentions passées, aujourd’hui, ce n’est plus ta place de décider ce qui est bon ou non pour les Premières Nations. La réconciliation ne consiste pas à laisser les non-Autochtones gérer les espaces destinés aux Premières Nations sous prétexte qu’ils les ont créés. Elle implique de céder la place aux premiers concernés, et c’est exactement ce qui doit se passer ici. »

Rappelons qu’André Michel ne siège pas au CA de la Maison et n’a pas participé aux négociations entourant le bail, laissant la tâche aux membres du conseil d’administration. M. Michel a pris la parole publiquement pour critiquer la Ville dans ce dossier, mais en son nom personnel seulement.

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