29 septembre 2016 - 00:00
Un Beloeillois raconte son histoire à Canal D
Par: Karine Guillet
Serge Labrosse a été impliqué au début de sa carrière au Journal de Montréal dans une prise d'otages

Serge Labrosse a été impliqué au début de sa carrière au Journal de Montréal dans une prise d'otages

Avant de quitter la banque avec le criminel, le journaliste a dû emplir le coffre de sa voiture d'argent.

Avant de quitter la banque avec le criminel, le journaliste a dû emplir le coffre de sa voiture d'argent.

Avant de quitter la banque avec le criminel, le journaliste a dû emplir le coffre de sa voiture d'argent.<@

Avant de quitter la banque avec le criminel, le journaliste a dû emplir le coffre de sa voiture d'argent.<@

TÉMOIGNAGE. Le journaliste Serge Labrosse a vécu des moments hors de l’ordinaire en devenant négociateur malgré lui lors d’une prise d’otages dans une banque montréalaise, en 1977. Près de quarante ans plus tard, le résident de Belœil a partagé son histoire devant la caméra de la série Otage, diffusée sur les ondes de Canal D.

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L’histoire de cette prise d’otage, citée au fil des ans comme un exemple à ne pas suivre pour la police, a débuté le 24 octobre 1977 lorsque Serge Labrosse, ancien journaliste du Journal de Montréal, a entendu sur les ondes de police qu’un homme avait pris en otages des employés et deux clients à la Banque Nationale Canadienne. Il se précipite aussitôt sur la scène de crime.

Pour mieux entendre les policiers, il réussit à se faufiler dans le périmètre de sécurité. Le lieutenant Carlo Rossy, en charge de l’opération, l’interpelle aussitôt. Il vient tout juste de discuter avec le voleur, qui ne veut parler qu’avec un journaliste.&nbsp; Labrosse accepte de rentrer dans la banque avec le lieutenant. C’est alors que le voleur exige que le policier sorte, mais pas Labrosse.

«J’ai été échangé contre les deux clients et le bébé. J’avais 22 ans. Je n’avais pas d’expérience de négociation et il fallait que je négocie avec un gun dans le front.»

La Une du Journal de Montréal du 25 octobre 1977. On aperçoit Serge Labrosse qui entre dans la banque pour la négociation, devant un policier armé. .

Calme

Au cours de plusieurs heures qu’il passera dans la banque, le professionnel des médias sera fouillé à deux reprises, une carabine accotée au dos par le voleur Lionel Gauthier. Il passera aussi un moment par terre, le fusil devant son visage. M. Labrosse sert finalement d’intermédiaire entre le malfrat et les forces de l’ordre.

Encore aujourd’hui, le journaliste ignore comment il a réussi à conserver son calme pendant l’opération. Son travail de couvertures des faits divers l’a toutefois aidé à demeurer positif grâce à une meilleure connaissance du travail des policiers.

«Je pense que c’est parce que je devais le faire. Je me disais: les policiers m’ont demandé de faire ça, il faut que j’essaie de négocier, que j’essaie de faire arrêter ça.»

Il servira aussi de conducteur à Gauthier, alors qu’il s’échappe de la banque avec la voiture du journaliste, trois otages et 120 000 $ en argent dans le coffre. Après quelques détours, pendant lesquels Labrosse tente de ralentir la course pour ne pas nuire à l’opération de filature, le groupe revient à la voiture du voleur.&nbsp;

Après une altercation avec un policier, la voiture du voleur, avec le journaliste et un autre otage à son bord, finit par s’arrêter dans un quartier industriel. Le bandit demande alors au journaliste de mettre son manteau et sa carabine. Labrosse refuse, de peur de se faire méprendre par les policiers. «Pour la première fois, je tenais tête au gars. Il n’était pas question que je sorte dehors. Je me suis dit que ça pourrait déraper et qu’il pourrait se choquer. Mais je préférais risquer ça que de risquer ma peau dehors», se rappelle-t-il

Fâché, le kidnapper éjecte Labrosse du véhicule. Le journaliste finit par rejoindre les policiers. Il termine l’opération sur la banquette arrière du véhicule de police, alors que Lionel Gauthier est arrêté à Terrebonne.

Un intérmédiaire, pas un négociateur

Serge Labrosse voit davantage son rôle dans cette histoire comme celui d’un intermédiaire. S’il reconnaît que sa présence a peut-être aidé à calmer le jeu, il croit tout de même que ce n’est pas lui qui a convaincu le criminel de libérer ses otages.

«Je disais dans un des textes que j’ai écrits le lendemain [de l’affaire] que, si j’avais su, je ne serais peut-être pas entré. Mais ce n’est pas vrai. Si j’avais su, qu’est-ce que tu fais? Il y a des vies en danger et le gars est prêt à parler à un journaliste. […]Dans le fond, je serais rentré quand même», croit-il.

L’épisode consacré à l’histoire de Serge Labrosse sera diffusé sur les ondes de Canal D le 30 septembre, à 19h.

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