L’ascenseur débouche sur un corridor sans particularité, où la porte d’accès est verrouillée. Une liste de noms et de numéros à côté de la porte est la seule indication d’une présence policière. C’est là que m’accueillent Élaine Magnan, responsable des communications de la Régie, et Christian Cameron, inspecteur aux normes professionnelles et développement organisationnel. L’objectif du lieu : permettre aux victimes de venir faire leur déposition dans un environnement neutre, sans policier en uniforme, et sans risque de croiser leur agresseur présumé.
« À l’époque, si la victime était reçue au poste, elle arrivait par la même porte que l’agresseur et pouvait donc le croiser », explique la responsable des communications. « Ou tu es dans une salle d’attente avec un enfant, puis là tu entends une personne en colère. » Ici, c’est plus calme.
Comme chez le dentiste
Lorsqu’on pénètre dans les bureaux, on est accueilli dans une salle d’attente qui ressemble à celle d’un cabinet dentaire. Jeux, tableau à dessin, télévision, mobilier confortable : l’ambiance tranche avec celle d’un poste de police où circulent des agents armés. Bien que des policiers soient présents dans l’immeuble en tout temps, ils accèdent au local par une autre entrée. Seul l’enquêteur responsable d’une enquête, en civil, entre en contact avec la victime sur place.
« Les enfants arrivaient dans les postes de police intimidés par l’environnement, intimidés par les policiers. Ils ne voulaient pas parler. Un enfant témoin pourrait avoir peur qu’un parent finisse en prison, par exemple », souligne M. Cameron.
En plus des policiers, le local consacre des bureaux à des intervenantes du milieu communautaire et de la santé. Car depuis quelques années, la Régie multiplie les partenariats avec le milieu. En 2022, une travailleuse sociale issue du milieu de la santé est venue s’installer directement au poste de police de Belœil, ainsi qu’une intervenante spécialisée employée par l’organisme Entraide pour hommes. Puis, en 2023, la Régie s’est associée à trois maisons d’hébergement pour mettre sur pied le projet Violence conjugale et intrafamiliale (VCI) en 360°.
Même si la police possède deux bâtiments à Belœil et Sainte-Julie, le nombre de locaux était déjà insuffisant, même avant l’arrivée des intervenants, souligne M. Cameron. « J’avais donc amené l’idée que, tant qu’à avoir un autre local pour nos enquêteurs, on devrait faire un centre pour les victimes et inclure les organismes. » C’est comme ça qu’est né le Centre d’aide aux victimes.