Il s’agit du salon de barbier Joy’s Barbershop, situé sur la rue André-Labadie. Son propriétaire, Joy San, a fait savoir qu’il n’était plus en mesure de maintenir ses prix et qu’il devait les augmenter prochainement. « Cette décision a été prise à la suite d’une hausse de 30 % de la taxe foncière pour les entreprises de Belœil ainsi que d’un taux d’intérêt commercial [à la banque] de presque 10 %. Ces situations, hors de notre contrôle, ont eu un impact sur nos coûts de fonctionnement et ont rendu nécessaire une augmentation des coûts pour maintenir notre qualité de service et notre engagement envers vous », relate le propriétaire dans une publication Facebook.
Bien que les chiffres partagés par M. San ne correspondent pas exactement aux observations faites par le journal sur les documents officiels de la Ville, la hausse constatée demeure assez élevée – environ 20 % par rapport au compte de taxes de 2022 – menant le compte de l’entreprise à environ 9500 $ par an, sans parler de l’hypothèque. « Je dois travailler plus, mais je ne fais pas plus d’argent. Et cette hausse se fait sans transition et sans aide financière », soutient-il en entrevue, rappelant que si certaines entreprises peuvent accélérer certains processus pour être plus rentables, c’est impossible à faire en coiffure. « Ça va en faire des coupes de cheveux pour compenser cette hausse des coûts! »
Depuis, de nouveaux prix sont entrés en vigueur dans les derniers jours : cherchant à faire un compromis, le salon de barbier a augmenté ses prix d’environ 15 %, mais offre en début de semaine, du lundi au mercredi, plusieurs « rabais » équivalents à la hausse pour pouvoir conserver sa clientèle qui s’inquiète des prix de ses services. Il est encore trop tôt pour connaître l’impact réel de ce changement sur l’achalandage de l’entreprise, mais Joy San s’avoue surpris de constater qu’à la publication de son message, il n’a presque reçu que des messages d’encouragement même s’il annonçait une mauvaise nouvelle à ses clients.
Malgré cela, il a bien l’intention de faire connaître son mécontentement à la Ville et considère participer à la période de questions de la prochaine séance publique du conseil, lundi prochain. « Je veux pouvoir expliquer pourquoi je suis obligé de hausser les prix à mes clients. […] Ça fait 12 ans que je suis à Belœil. Si j’avais commencé avec un tel compte de taxes, je pense que je n’aurais jamais pu ouvrir mon entreprise. Quand j’ai reçu mon compte, la première chose qui m’a traversé l’esprit est de penser à déménager ailleurs. »
M. San avait aussi l’intention d’organiser une manifestation devant l’hôtel de ville pour donner la chance à d’autres entrepreneurs comme lui et à leur clientèle de faire savoir leur mécontentement face à cette situation qui va faire en sorte que ce sont les consommateurs qui vont devoir payer la note à la fin. Au moment d’écrire ces lignes, rien n’était toutefois encore décidé à ce sujet.
Possibilité de contester le rôle
Rappelons que le rôle triennal d’évaluation foncière a été révisé l’automne dernier et que Belœil a connu une augmentation record, atteignant les 40 % de plus qu’à l’évaluation précédente dans le secteur résidentiel. La mairesse de Belœil, Nadine Viau, soutient qu’un citoyen ou un commerçant qui sent que sa nouvelle évaluation est beaucoup trop élevée peut et devrait contester son évaluation, ce qui pourrait dans certains cas aider à diminuer le compte de taxes si l’évaluation est effectivement revue à la baisse à la fin du processus. « On n’a aucun pouvoir politique sur l’évaluation, mais 43 % de hausse pour une maison unifamiliale, ça n’a pas de bon sens », commente Mme Viau. Elle ne s’inquiète donc pas que des propriétaires de bâtiments commerciaux et industriels contestent en masse leur évaluation foncière d’ici la date butoir, le 1er mai prochain. Il ne s’agit toutefois pas d’une avenue que Joy’s Barbershop privilégiait au moment de l’entrevue, même si la valeur de son bâtiment a augmenté d’environ 12,3 % par rapport au rôle triennal d’évaluation précédent, selon les observations du journaliste.