5 août 2024 - 05:00
Un couple poursuivi par Saint-Charles pour diffamation
Par: Denis Bélanger
Laura Paquette et Jean-Sébastien Laverdière. Photo François Larivière | L’Œil Régional ©

Laura Paquette et Jean-Sébastien Laverdière. Photo François Larivière | L’Œil Régional ©

La relation entre Saint-Charles- sur-Richelieu et Jean-Sébastien Laverdière et Laura Paquette, un couple désirant faire d’importants travaux à sa résidence, s’est envenimée au point où la Municipalité a décidé de poursuivre récemment les deux citoyens, entre autres pour diffamation, et leur réclamer 60 000 $.
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Saint-Charles réclame que le couple verse 10 000 $ à la Municipalité ainsi qu’à la directrice générale de Saint-Charles, Nathalie Boisclair, et à l’inspectrice municipale, Annie Deaudelin, à titre de dommages moraux et compensatoires. Les trois plaignantes souhaitent aussi obtenir 10 000 $ chacune à titre de dommages punitifs.

Le différend entre les deux parties remonte à plusieurs mois déjà et Mmes Boisclair et Deaudelin ont été au cœur des échanges avec Jean-Sébastien Laverdière et Laura Paquette. Ces derniers veulent réaliser des travaux majeurs, mais estiment avoir eu des bâtons dans les roues de la part de la Municipalité. Ils se sont vu notamment rejeter leur demande de dérogation mineure. M. Laverdière avait néanmoins fait exécuter des travaux sans autorisation et, du coup, n’a pas respecté entre autres une hauteur pour une porte de garage, allègue la Municipalité.

Mécontent de la tournure de son dossier, le couple a installé le 22 avril sur sa propriété une pancarte critiquant sévèrement le travail de Mmes Deaudelin et Boisclair et affichant la photo de celles-ci. « Leur incompétence a failli nous coûter notre maison de rêve. Aujourd’hui, elles veulent se servir de vos taxes municipales pour payer leurs avocats et arriver à leurs fins. Intimidation, mauvaise foi, abus de pouvoir! Ça s’arrête ici! », pouvait-on lire sur la pancarte, selon la Municipalité.

Cette dernière s’est tournée vers le tribunal pour obtenir une injonction interlocutoire provisoire. Bien que le couple ait retiré le 3 mai la pancarte en question et se soit engagé à ne pas la remettre, le dossier a été entendu par un juge. Saint-Charles souhaitait que la Cour interdise au couple d’entrer en communication avec les demanderesses du recours et leurs préposés et force les deux citoyens à ne rien publier sur les médias sociaux ou tout autre support concernant la Municipalité et ses employés. Le juge Jérôme Frappier a rejeté la demande d’injonction provisoire le 6 mai.

La situation perdure

Selon la Municipalité, les défendeurs dans ce dossier n’ont pas adouci le ton à la suite de la décision du magistrat. M. Laverdière a demandé dans un message courriel s’il devait mettre une autre affiche pour faire bouger les choses. Sur les médias sociaux, il a traité d’incultes les quelques personnes de Saint-Charles « qui associent une porte de garage directement avec une activité commerciale ».

Saint-Charles-sur-Richelieu a déposé le 31 mai une requête amendée à la Cour pour notamment réclamer des dommages compensatoires et punitifs. « Les défendeurs ne manifestent visiblement aucun remords ni aucune gêne relativement à leurs agissements. Au contraire, ils semblent plutôt en tirer une sorte de fierté, peut-on lire dans les documents de cour. Tout au long de leur interaction avec les représentants de la Municipalité, les défendeurs ont fait preuve d’une incivilité croissante. Les parties plaignantes ont droit au respect de la dignité de leur personne, ce à quoi les défendeurs ont porté atteinte par leur mauvaise foi en tentant d’attirer le mépris et de porter atteinte à leur réputation dans le but de leur nuire. »

Appelé à commenter ce nouveau développement dans le dossier, Jean-Sébastien Laverdière n’a pas mâché ses mots à l’endroit de la Municipalité. « Le juge a rendu sa décision et celle-ci est claire et tranchante. Les mots utilisés sur l’enseigne installée en façade de notre maison ne sont pas de la diffamation, a écrit Jean-Sébastien Laverdière dans un courriel transmis au journal. Quand trois administrés d’une Municipalité ignorent les paroles d’un juge de la Cour supérieure, nous croyons que la démonstration de mauvaise foi, d’abus de pouvoir et d’intimidation ne peut pas être plus flagrante. »

L’Œil Régional a tenté d’obtenir un commentaire de la Municipalité, mais personne n’a donné suite à notre journaliste.

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