8 juillet 2024 - 05:00
Un énorme défi
Par: Vincent Guilbault
Vincent Guilbault

Vincent Guilbault

« La tradition, c’est la pression sociale exercée par des gens morts. »

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Simpliste, peut-être, mais un peu vrai. La tradition peut peser lourd et on le voit dans le cas d’organisations comme les Chevaliers de Colomb, qui traînent derrière eux une longue histoire catholique. Il faut rappeler que l’organisme a vu le jour d’abord pour venir en aide aux catholiques nécessiteux. Une belle histoire de charité, mais une histoire ancrée dans une religion bien établie et donc pesante par sa présence. Et réfractaire aux changements.

C’est d’ailleurs la même chose que m’ont répondu l’ancien Grand Chevalier du chapitre de Belœil, Claude Lebrun, et son successeur, Gerry Guimond, en deux occasions différentes. Les deux hommes sont conscients que la présence de la religion freine l’adhésion de nouveaux membres. Et pas seulement ici dans la région, mais partout en province et au-delà.

La moyenne d’âge des membres est de 76 ans, et la tendance au conservatisme est lourde chez ces derniers, qui ne veulent pas abandonner en général les racines catholiques de leur organisme.

Bien sûr, ce n’est pas le seul facteur. La plupart des organismes peinent à recruter aussi des bénévoles.

Difficile de chiffrer cette diminution du bénévolat au Québec. La dernière grande étude de Statistique Québec remonte à 2018, dans un monde qui a bien changé depuis, si on tient seulement compte de la pandémie. Mais je ne pense pas me tromper si je pars de la prémisse que le bénévolat est en baisse.

J’ai réalisé une rapide recension de textes pour comprendre que les organismes, autant dans le milieu communautaire que dans les loisirs, manquent cruellement de bénévoles.

Il y a donc ce double obstacle pour la pérennité des Chevaliers de Colomb dans la région. Pour le manque de bénévoles, le nouveau Grand Chevalier a son plan pour ça : l’argent! C’est la recette qu’il a appliquée alors qu’il était en charge de l’Opération Nez rouge l’hiver dernier. Ça faisait des années que le mouvement n’avait pas été aussi fort.

Au-delà de la mobilisation, la formule de M. Guimond est simple. Tu veux qu’on remette de l’argent à ta cause ou ton organisme? Parfait. Monte une équipe de bénévoles et viens faire des raccompagnements, on te remettra une partie des recettes.

Parfait, on verra si la manœuvre paiera.

L’autre point, comme nous le mentionnions, est de faire rentrer l’organisme dans la modernité. À quelques reprises, le Grand Chevalier m’avouait que l’aspect religieux chicotait d’autres organismes ou les municipalités lorsqu’il venait le temps de conclure des ententes. En 2022, les ministres de la CAQ ont notamment dû se défendre dans les médias d’avoir donné beaucoup d’argent aux différents chapitres des Chevaliers de Colomb, surtout en raison de leur position anti-avortement et sur l’impossibilité des femmes de devenir membres de l’organisation. Ça ne passe plus dans le Québec laïque contemporain.

M. Lebrun raconte depuis un bon moment que l’organisation doit s’éloigner de ces valeurs et se concentrer sur les services aux membres et sur l’implication bénévole. Mais il y a une résistance. Une résistance qui ira peut-être en s’effritant, si on pense que le nouveau Grand Chevalier est maintenant plus jeune (62 ans), et issu du milieu des affaires avec une vision un peu plus marketing de l’implication bénévole.

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