Le projet de Michel Gagnon est né dès 2020, en pleine pandémie, à la suite d’un triste constat. « Au Québec, on est parmi les meilleurs pour se débarrasser de nos aînés. Et c’est ridicule de voir les petits appartements où ils vivent isolés et à un prix énorme. J’ai envie de faire partie de la solution et de proposer une option pour qu’une jeune famille puisse vivre sous le même toit que les grands-parents. »
La maison en question, située sur la rue Saint-Charles Sud, à Granby, se veut donc très invitante pour attirer la famille parfaite pour y habiter. « C’est très grand : on parle de plus de 3400 pieds carrés, cinq chambres, trois salons, deux cuisines, deux salles à manger, deux salles de bain, deux salles de lavage, des “walk-in” partout… C’est un beau toit sur un terrain privé qui veut pouvoir rassembler une belle grande famille », décrit Michel Gagnon. Il note également que la maison se veut accessible aux personnes à mobilité réduite.
Même s’il reconnaît que le loyer pour cette maison flambant neuve n’est pas donné – tout près de 4000 $ par mois –, M. Gagnon met en perspective le prix du marché actuel. « Du logement neuf se loue à partir de 1,30 $ du pi2, jusqu’à plus de 2 $/pi2. Moi, on parle de 1,17/pi2. De plus, rappelons que les prix pour les résidences pour retraités sont déjà très élevés. […] Maintenant que la maison est presque terminée, j’en suis à chercher plus activement la famille qui pourra y habiter. J’ai quelques personnes qui m’ont contacté dans la dernière semaine pour tâter le terrain ou mentionner leur intérêt, mais le profil ne correspondait pas nécessairement, ça prend deux bonnes familles pour bien habiter cet espace. » L’Hilairemontais ne perd toutefois pas espoir et se donne au moins jusqu’à l’été avant d’envisager un « plan B », soit de louer à deux familles distinctes.
D’autres maisons à venir
Cette première maison sera ensuite suivie d’une autre située à proximité, dont les travaux débuteraient dans les prochains mois. Michel Gagnon souhaite ensuite répéter l’expérience en 2024 sur deux terrains lui appartenant à Bromont. Par la suite, ce serait potentiellement au tour de Mont-Saint-Hilaire de voir une nouvelle maison intergénérationnelle mise en location au pied de la montagne, potentiellement en 2025. Mais l’entrepreneur espère surtout que son initiative fera des petits et que d’autres l’imiteront. C’est pourquoi il avoue avoir « mis le paquet » avec cette première maison, qui lui servira en quelque sorte de carte de visite pour ceux qui souhaitent s’en inspirer.
Ceux qui ont des questions au sujet de la maison en location à Granby peuvent les poser directement à Michel Gagnon à son adresse michel.p.gagnon@hotmail.com.
L’intergénération, une solution
Michel Gagnon est persuadé que la construction de davantage de maisons bigénérationelles fait partie des solutions en réponse à la crise du logement. La Corporation des propriétaires immobiliers du Québec (CORPIQ) semble du même avis. Dans un mémoire présenté dans le cadre de la Commission de l’habitation de la Communauté métropolitaine de Montréal en septembre dernier, la CORPIQ proposait une liste de 32 solutions, dont deux touchant directement le logement intergénérationnel. On proposait notamment de « permettre et promouvoir la création de logements intergénérationnels dans les villes québécoises par une loi provinciale » et de « rendre plus flexibles les règlements interdisant les agrandissements pour permettre la mise en place de logements intergénérationnels et les adapter à l’évolution de la cellule familiale ». On demande donc davantage de souplesse envers les personnes désirant construire ou convertir un bâtiment en résidence bigénérationnelle. Notons que dans le cas du projet de M. Gagnon, deux ans de démarches ont été nécessaires avant le début de la construction, un processus long et souvent compliqué qui pourrait en rebuter plusieurs, craint l’Hilairemontais.