Dans le document de la poursuite, Jacob Lauzon, propriétaire de l’entreprise d’aménagement paysager Innova Paysage, souligne avoir effectué des travaux d’aménagement en septembre 2022 pour le projet Faubourg du Richelieu – Hôtel Oceania, situé au 101, rue Richelieu à Belœil. Bien que les services aient été menés à bien, le propriétaire de l’entreprise est toujours en attente d’être payé en totalité. Notons qu’une première tranche de 55 000 $ lui a été réglée le 7 décembre dernier.
« J’ai fait le projet de l’hôtel et j’étais à moins 57 000 $, explique M. Lauzon, en discussion avec L’ŒIL. J’ai planté 33 arbres, mis 14 000 pieds de tourbe à l’hôtel. J’ai réalisé l’aménagement de l’hôtel, puis le propriétaire [de Corel, José Lobato] voulait que je continue [sur le projet de parc aquatique] même si je n’avais pas eu la moitié de l’argent. Il m’aurait fait faire faillite. »
En dépit de nombreuses relances et d’une mise en demeure envoyée le 13 avril 2023, la société Constructions Corel, une entreprise du Groupe Lobato, n’a toujours pas honoré ses engagements financiers. Un courriel daté du 3 février 2023 de Corel témoigne même d’une promesse de règlement entre le 10 et 15 février, promesse qui n’a pas été tenue.
« Il me doit 60 000 $, mais je vois qu’il a fait un don de 100 000 $ au Collège Saint-Hilaire. Je suis censé me sentir comment, moi? Ils me font de fausses promesses. »
Face à ces manquements, Innovation Paysage a été forcée de se tourner vers le tribunal. Aujourd’hui, elle demande à un juge de forcer Constructions Corel à le payer, mais aussi à lui dédommager les montants pour l’embauche d’un avocat, un montant qui s’élève au moins à 5000 $ pour le moment.
Transaction de 22 M$
En entrevue avec L’ŒIL, le propriétaire de Constructions Corel, José Lobato, admet devoir de l’argent au paysagiste. Selon lui, ce n’est qu’une question de temps avant que l’entrepreneur soit payé.
M. Lobato rappelle qu’il n’est plus le propriétaire de l’entreprise C Hotel Belœil, qui gère la partie hôtelière du projet. M. Lobato a vendu son entreprise et l’hôtel pour la somme de 22 M$ en juin 2021 à Zhi Liang, une femme d’affaires de Candiac. Depuis cette date, l’entreprise Constructions Corel est donc un entrepreneur engagé pour terminer le projet d’hôtel.
Selon M. Lobato, Mme Liang n’a pas encore payé la totalité du montant, mais il devrait recevoir une partie de ce montant en septembre . « [Le paysagiste] va être payé. C’est malheureux pour le gars, et pour moi, parce que je l’engage et j’attends l’argent pour le payer. Ça va me faire plaisir de lui faire un chèque la journée même que je reçois l’argent. Je comprends que ce délai a été stressant pour lui, mais j’ai toujours payé pour mes contractants de A à Z depuis 45 ans », affirme M. Lobato.
D’autres poursuites contre Corel �
L’entreprise Éric Painchaud Architecte et Associés a fourni dès 2017 des services d’architecture en lien avec le projet de parc aquatique auprès de Constructions Corel. Selon les documents de la cour, l’entreprise a facturé 206 955,03 $ en honoraires professionnels à Corel et d’autres entités du Groupe Lobato entre le 31 août et le 31 décembre 2017.
Les paiements ont tardé à arriver, puisqu’un premier montant de 100 000 $ n’a été versé qu’en juillet 2018, puis un deuxième de 86 955,03 $ en septembre de la même année, laissant un solde impayé de 20 000 $, malgré les nombreuses relances d’Éric Painchaud Architecte au fil des mois. Cela l’a mené à publier un avis d’hypothèque légale sur l’immeuble en juin 2019, puis d’aller de l’avant avec une poursuite au civil en 2021.
En réponse à cette poursuite, Corel s’est défendu de ne pas avoir payé la totalité des honoraires en affirmant qu’Éric Painchaud Architecte avait « refusé de lui communiquer les plans pour construction, alors que selon ses représentations et sa facturation, ces plans et dessins étaient complétés à plus de 95 % […]. Considérant le refus systématique de la demanderesse à livrer ses plans et dessins comme convenu, […] Corel n’a eu d’autre choix que de résilier les conventions intervenues ». Selon le document, le projet aurait donc, en conséquence, « subi des délais importants » en plus de voir une différence au niveau des coûts. Dans sa demande reconventionnelle (procédure entamée par le défenseur d’une poursuite qui, tout en contestant les prétentions du demandeur, formule une demande contre celui-ci), Corel a ainsi réclamé à Éric Painchaud Architecte et Associés une somme de 110 000 $ en plus de demander à ce que l’hypothèque légale soit déclarée illégale et sans fondement par un juge.
Toutefois, aucun jugement n’a été rendu puisque les différentes parties en sont venues à une entente hors cour ce printemps, dont les détails n’ont pas été rendus publics. L’entreprise qui a poursuivi Corel n’a pas répondu aux demandes d’entrevue du journaliste.
Subteran Solutions
Le 25 juillet dernier, il a été possible de constater un avis d’inscription d’une hypothèque légale à la faveur de Subteran Solutions. Dans cet avis, la débitrice est Constructions Corel, mais l’avis a été transmis à Gestion Parc Aquatique Belœil, une autre entité du Groupe Lobato. Dans cet avis, il est question d’un solde impayé de 12 129,86 $.
Au moment de mettre sous presse, le président de Construction Corel, José Lobato, a affirmé que ce dossier avait finalement été réglé, ce que confirme le président de Subteran Solutions, Patrick Fournier.
Avec la collaboration de Olivier Dénommé