Ce soir-là, je n’ai pas dansé est divisé en deux parties : la première, écrite comme un roman, vue des yeux d’une Francine Cloutier de 17 ans, qui voulait simplement aller danser dans un bar, mais qui a retenu l’attention d’un groupe de motards qui a décidé d’en faire sa prochaine victime, même si elle a réussi à s’en tirer avec « seulement » une agression armée.
« J’y raconte les faits, mon ressenti et mes séquelles comme fille de 17 ans. Sur le coup, je n’avais pas nécessairement conscience de la gravité de ce qui était arrivé et j’ai gardé le secret pendant des années. » Des décennies plus tard, l’autrice se souvient toujours en détail de son agresseur et de la sensation de l’arme sur sa tempe, elle qui est parvenue à s’enfuir avant que le pire arrive. « Mon souvenir est tellement clair que je pourrais encore dessiner son visage et l’arme. Je vais m’en souvenir toute ma vie. »
La deuxième partie du livre est plus analytique. « J’écris avec mes yeux d’adulte et je regarde l’éducation sexuelle qu’on donne aux adolescents. Je me demande aussi pourquoi on s’empêche de parler quand on est victime d’une agression comme celle-ci. Je me permets même d’écrire directement à l’agresseur, même si je ne nomme personne dans le livre », commente-t-elle. Malgré ce qui lui est arrivé, Francine Cloutier a « choisi la vie » et a décidé de tirer du positif de cet événement traumatisant.
À 70 ans, Francine Cloutier assure qu’elle a fait la paix avec cette agression, mais que le mouvement #MoiAussi et les procès qui ont suivi pour certaines personnalités publiques l’ont amenée à vouloir raconter son histoire pour faire œuvre utile auprès d’autres personnes. « Je ne suis pas certaine qu’un tel livre aurait pu être publié il y a 10 ans », note-t-elle en rétrospective. Si le mouvement de dénonciation a libéré la parole de plusieurs victimes, il reste encore bien des préjugés à déboulonner, selon elle. Surtout, elle espère que les jeunes femmes comme les jeunes hommes liront Ce soir-là, je n’ai pas dansé et en tireront quelque chose.
« Les viols collectifs, on en parle excessivement peu, même si ça existe et que c’est encore protégé et minimisé dans plusieurs cas. Mon souhait, c’est que ça fasse jaser dans la société. » Elle considère d’ailleurs que malgré le thème lourd de son livre, celui-ci demeure accessible au grand public.
Ce soir-là, je n’ai pas dansé, de l’Hilairemontaise Francine Cloutier, est en vente depuis quelques semaines en librairie, auprès de l’autrice ou encore sur le site des éditions Crescendo. Le lancement du livre est prévu le 29 novembre à Princeville, sa ville natale, mais il n’est pas exclu d’organiser des séances de dédicaces dans la région dans les prochains mois.
Deux autres livres en chantier
Maintenant que ce livre très personnel a vu le jour, Francine Cloutier peut se pencher sur d’autres projets littéraires. « J’ai deux autres livres en cours d’écriture. Le premier est comme une pièce de théâtre, racontant une histoire d’amitié entre deux femmes, écrite de façon non linéaire. Le deuxième, c’est un recueil de nouvelles. » Si elle garde le rythme d’écriture, son prochain livre pourrait ainsi être complété d’ici la fin de l’année prochaine ou au début de 2026.