1 juillet 2024 - 05:00
Un mauvais remake
Par: L'Oeil Régional
Vincent Guilbault

Vincent Guilbault

Une tour de 40 mètres projette encore une fois son ombre sur la ville d’Otterburn Park. Rien de concret encore, mais le sujet refait lentement surface.

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C’est comme un mauvais feuilleton. Alors que l’intrigue s’éternise et ne mène nulle part, les scripteurs décident de ramener le sujet de la tour de télécommunication pour revigorer la série. Avec les mêmes acteurs (Telus, Yves-François-Blanchet), mais un peu de recasting (Mélanie Villeneuve pour remplacer Denis Parent à la mairie) et on repart pour une saga qui devait avoir pris fin en début de pandémie.

Rappelons vite l’intrigue : même si à peu près toute la communauté d’Otterburn Park s’oppose à une tour de télécommunication près des Bosquets Albert-Hudon (pétitons, manifestations, sorties médiatiques avec vedette, etc.), l’entreprise est tout de même dans son droit de construire. Un droit conféré par le ministère de l’Innovation, des Sciences et du Développement économique Canada (ISDE) et renforcé par un jugement de la cour fédérale. Et Telus maintient que la couverture cellulaire a besoin de ce « petit » coup de main de 40 mètres en acier pour être fonctionnelle dans la région, argument qui ne convainc pas la population.

Questionnée par L’ŒIL, Telus maintient que la rencontre avec les élus (voir page 3) n’était qu’ « exploratoire ». Mais les informations colligées par le journal laissent entendre que Telus démontre un intérêt pour ce projet de tour. Clairement, le manque d’acceptabilité sociale n’est pas un frein. C’est la pandémie qui avait probablement mis le projet sur pause.

Je vous ramène en 2021. En éditorial, j’écrivais ceci concernant la suspension du projet : « Même si une population presque entière ne voulait pas de cette tour, l’entreprise pouvait toujours se draper de la légalité pour aller de l’avant. […] Et pourtant, ce n’est probablement pas ce qui a tué le projet. Telus se retire sans concéder l’importance de l’aspect qu’est l’acceptabilité. Victoire, certes. Mais nous n’avons pas créé de précédent ici. La vigilance reste donc de mise. »

Donc, je ne sais pas si les opposants vont reprendre le combat, replanter leurs pancartes « Ensembles contre Telus » sur leur terrain et mener la bataille. Les premiers à qui j’en ai parlé étaient déjà sur le qui-vive, alors on peut s’attendre à une résistance. La mairesse d’Otterburn Park se fait prudente dans son opposition, mais en entrevue, on peut sentir qu’elle n’en veut pas de cette tour. Le député fédéral Yves-François Blanchet est un peu plus catégorique et promet son appui aux opposants.

Donc, je pose la question maintenant : est-ce que nous allons remâcher la même intrigue, dans une sorte de remake comme aime bien le faire Hollywood, en nous proposant une nouvelle fin alternative? Ou Telus comprendra-t-elle que malgré ses droits, sa tour n’est pas la bienvenue au sein de la population? Mais ni le manque d’acceptabilité social ni le recours aux tribunaux n’ont fait reculer l’entreprise la première fois, donc qu’est-ce qui pourrait nous faire croire que ça serait le cas cette fois? Et je ne pense pas qu’une seconde pandémie est à prévoir (qui sait vraiment!). C’est un peu plus épeurant cette fois.

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