31 janvier 2019 - 15:51
Course de traineau Yukon Quest
Un meneur de chiens de Belœil affrontera le Grand Nord canadien
Par: Denis Bélanger

Rémy Leduc fait de la course de traineau à chiens depuis plus de dix ans. Photos gracieuseté

Ayant grandi à Belœil jusqu’à l’âge de 17 ans, Rémy Leduc s’est développé une passion pour les courses de traineau à chiens. Il possède maintenant son propre chenil au Nouveau-Brunswick, lequel ne contient rien de moins que 38 chiens. Fort de plusieurs courses derrière la cravate, l’homme de 34 ans s’apprête en février à prendre part au Yukon Quest, son plus grand défi en carrière. Jugée comme la course la plus difficile dans ce sport, soit l’équivalent de ce que représente l’Ironman d’Hawaii dans le monde du triathlon.

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M. Leduc a eu son premier chien Alaskan à l’âge de 21 ans, alors qu’il demeurait au Lac-Saint-Jean. Ce meilleur ami de l’homme venait justement d’un chenil de chiens tireurs de traineaux. L’athlète s’est mis à atteler son chien pour le plaisir, entre autres pour se promener à vélo, en planche à roulettes ou en patins à roues alignées. « Ça m’a donné la piqûre. J’ai été rencontrer des sprinters, acheter d’autres chiens, etc. De fil en aiguille, j’ai participé à mes premières courses. »

Rémy Leduc, aussi pilote d’hélicoptère de métier, est maintenant installé avec sa conjointe et sa fille dans la petite localité de Glenwood, situé près de Campbellton. Sur leur propriété se retrouve leur chenil Akkada, qui signifie abondance en micmac, et qui est à l’origine du mot Acadie. L’altitude du chenil permet à M. Leduc d’avoir des conditions de neige exceptionnelles favorisant la saison de traineau. Les athlètes à quatre pattes de M. Leduc ont des noms très variés, allant de Solo à Redbull. « Des fois, on les nomme par simple pressentiment. Nous y allons aussi par thématique par portée. Nous avons eu entre autres les portées Star Wars, ou encore la portée des Bob, où on appelait les chiens Marley ou Dylan. Il n’en reste plus qu’un de cette portée, nous l’appelons donc seulement Bob. Une fois, il y a eu une portée d’un seul chien et c’est ma fille qui a choisi le nom. »

Bien que M. Leduc ait 38 chiens, il n’en utilise que 18 pour des courses. Les autres sont encore trop jeunes ou à la retraite. Le nombre de chiens varie par attelage et varie aussi d’une course à l’autre. Pour des distances de 160 km et plus, il a besoin de 12 chiens, mais de 8 à 12 pour des distances plus courtes.

Dans un attelage, chaque chien a son rôle. Les derniers à l’arrière ont la responsabilité d’éviter que le traineau entre en collision avec des arbres. Les meneurs doivent être capables de bien connaître leur direction et d’entreprendre des sentiers sans avoir à suivre de traces. « Le positionnement est un art en soi. Il faut que tu prennes en considération le tempérament des chiens, s’ils s’adonnent bien avec les autres ainsi que la vitesse à laquelle tu veux aller. Il y a des chiens qui vont plus vite, mais ont besoin de plus de repos. J’y vais plus avec le profil psychologique de l’animal et j’évite de le placer à un endroit où il ne veut pas être. »

Dans une course de traineaux à chiens, les aptitudes du conducteur sont aussi importantes que les habiletés athlétiques des canins. « Le musher (meneur de chiens) peut avoir une bonne équipe de chiens, mais peut faire une erreur qui permet de le dépasser au fil d’arrivée. »

Un rêve enfin réalisé
Alors qu’il n’avait encore que des chiots, Rémy Leduc rêvait depuis presque dix ans de participer au Yukon Quest. Il prendra le départ de la course à Whitehorse le 2 février avec 14 chiens attelés à son traineau. L’objectif sera de parcourir en 14 jours 1600 kilomètres pour atteindre Fairbanks, en Alaska. S’il met plus de deux semaines à atteindre l’objectif, il sera disqualifié.

Cette année, 31 équipes participeront au défi, dont d’anciens champions. M. Leduc vise surtout de compléter la course. « Ce serait déjà un exploit en soi. C’est déjà arrivé que la moitié des participants ne terminent pas l’épreuve ». Il estime aussi pouvoir obtenir la mention de recrue de l’année.

Pendant le Yukon Quest, il ne pourra procéder à aucune substitution. Si un animal se blesse, ce dernier sera pris en charge par d’autres et le « musher » devra continuer avec un chien en moins. Il doit terminer le défi avec un minimum de huit chiens.

Rémy Leduc sera seul à bord du traineau et devra être autonome en nourriture jusqu’au prochain arrêt où il se ravitaillera. Les bêtes ont besoin de milliers de calories par jour pour avancer. Il y aura un total de neuf arrêts. La nourriture a déjà été envoyée et préparée.

Le meneur de chiens devra coucher souvent à la belle étoile, sans tente. Il pourra profiter d’un toit à quelques endroits disponibles.

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