Les deux instigatrices ont longuement parlé de la démarche derrière le projet. « On a fait des recherches pour trouver des artistes céramistes qui avaient une démarche qui collait à la nôtre et on en a invité dix à participer en occupant un espace sur le site avec leurs œuvres », résument-elles. Elles ont ciblé dix zones (dont l’atelier de Joann Côté, un « salon de terre » et un café éphémère pour n’en nommer que quelques-unes) qui seront « habitées » par les différents artistes dans le cadre du projet.
Le but avoué du parcours : offrir une expérience immersive pour tous, y compris pour ceux qui ne sont pas familiers avec l’art contemporain. « Dans un premier temps, les gens vont découvrir les lieux, puis, en second temps, les artistes et leurs œuvres. Le parcours permettra d’apprécier le site, le patrimoine et la nature. Il sera aussi possible pour les visiteurs de cueillir des pommes, on sera en plein dans la saison! »
Phase 2
De l’aveu de Mmes Côté et de Chantal, ce qui attend les visiteurs les deux prochaines fins de semaine n’est que la « phase 1 » du projet, qui devrait prendre de l’expansion dès 2020. « On veut que ce projet prenne de l’envergure l’an prochain. Cela resterait un déambulatoire poétique, mais la thématique pourrait être différente », prévient Marjorie de Chantal. D’ailleurs, on précise que le café éphémère proposera un menu autour de la pomme et des produits de la région et que l’argent qui y sera amassé servira autant à consolider la phase actuelle du projet qu’à planifier la prochaine.
Argile locale
En plus des deux organisatrices, dix artistes céramistes sont invitées à participer à la première phase du Jardin de pommes et d’argile – toutes des femmes, une coïncidence –, dont quelques-unes de la région. On pourra notamment y voir les œuvres de Marie-Claude Denault, de Marie-Ange Samon et de Yolande Valiquette, mais aussi celles de Marie Côté, une Montréalaise qui a travaillé avec de l’argile trouvée à Belœil pour l’occasion. « Elle a une démarche presque scientifique où elle présente toutes les étapes du processus jusqu’à la création d’un bol en argile », mentionnent les instigatrices du parcours.
En entrevue téléphonique, Marie Côté précise qu’elle avait déjà entamé « Cueillir la terre », un ambitieux projet de récolter de l’argile de la plaine de Montréal, une région riche en sédiments issus de la mer de Champlain qui s’est retirée il y a plus de 10 000 ans. Elle a pu s’en procurer sur un site de construction à Belœil et sur une terre agricole à Saint-Hyacinthe et en a fait des bols imparfaits, mais chargés d’histoire. « Ça m’a pris des mois d’expérimentations pour que l’argile ne craque pas : je travaille avec ce que la nature m’a donné. C’est touchant de penser que ces bols ont été créés à partir de la terre qui se trouve juste sous nos pieds, ça crée un sentiment d’appartenance. » Les bols de Marie Côté sont remarquables par leur apparence fragile, mais surtout pour leur son riche : ils peuvent résonner pendant de longues secondes, devenant en quelque sorte des œuvres sonores. L’artiste sera d’ailleurs sur place les deux fins de semaine pour faire résonner ses créations et pour prouver que l’argile n’est pas qu’un « matériau humble », mais aussi un grand « porteur de mémoire ».
Confiantes, Joann Côté et Marjorie de Chantal ont hâte d’accueillir les curieux au Jardin de pommes et d’argile. « Ce projet est un beau voyage au cœur de toute la poésie d’un lieu enchanteur qui sera habité par des artistes de talent. C’est à découvrir », conclut une Joann Côté souriante. Cœur de pomme est situé au 994, chemin de la Montagne à Mont-Saint-Hilaire.