Je m’attendais peut-être à une révélation spectaculaire pour le Manoir Rouville-Campbell. Après une rencontre avec le public, la création d’un comité des sages et un rapport d’une firme indépendante, je m’imaginais peut-être qu’on nous dévoilerait un projet d’envergure pour ce « cadeau » de 31 M$.
Finalement, c’est un rapport un peu ennuyeux que nous présente la Ville de Mont-Saint-Hilaire et que décline mon collègue Denis Bélanger en page 3. Réellement aucune surprise. La création d’un OBNL pour (re)convertir le lieu en centre d’hébergement et de location. Un peu ce qu’en avait fait la famille Imbault, mais sans l’argent des citoyens de Mont-Saint-Hilaire.
Attention, je le dis sans moquerie. Peut-être fallait-il s’attendre à une proposition plutôt conservatrice. Une préservation du lieu, un accès à la nature et la rivière pour les citoyens, un gestionnaire qui loue l’endroit pour des chambres ou des tournages afin de payer la note d’entretien qui, selon certains citoyens qui ont procédé à de nombreuses demandes d’accès à l’information, s’élève à au moins 1,6 M$ (montants que réfute la Ville, il faut noter). Et le compteur continue de rouler…
Des citoyens qui craignent d’ailleurs que tout ça finisse pas leur coûter très cher. Peur que la famille Imbault ait seulement donné à la Ville un paquet de troubles qu’elle ne voulait plus gérer. Difficile de leur donner tort à ce stade-ci…
Je reste toutefois prudent : je ne vois pas encore dans cette transaction un bon ou un mauvais coup. Comme je le disais en mars dernier, le maire Marc-André Guertin a vu dans ce don une opportunité et l’histoire lui donnera peut-être raison. Mais peut-être que l’histoire donnera raison à ses opposants; le Manoir deviendra peut-être seulement un immense mausolée d’inspiration Tudor qui nous rappellera l’échec de nos ambitions.
Confidentialité
Un mot sur le comité des sages, mis sur pied par Mont-Saint-Hilaire pour obtenir conseils et suggestions quant à l’avenir du Manoir. J’étais de ceux qui respectaient la confidentialité du conseil des sages. La Ville soulignait que ces bénévoles, impliqués dans différentes sphères de la communauté, ne souhaitent pas nécessairement être impliqués dans une éventuelle tempête politique entourant l’avenir du Manoir. Je peux comprendre.
Mais je suis de moins en moins convaincu de la nécessité de cette opacité. En démocratie, certains débats peuvent se faire à porte close, comme le font les élus dans un caucus. Mais ces débats se font à visage découvert. Je ne doute pas de la sincérité de cette table de sages, surtout que leur rôle en est un de consultation, et non pas de décision. Mais même si leur influence peut paraître minime, elle est tout de même réelle. On ne sait donc pas qui souffle à l’oreille des élus. Une personnalité d’affaires, un ancien élu ou un membre de la communauté artistique? Quels sont leurs intérêts réels? Les citoyens de Mont-Saint-Hilaire ont peut- être le droit de savoir qui est présent autour de la table pour en discuter.
