Rien contre le projet, je répète, ce n’est qu’un exemple. C’est que l’annonce de l’arrivée du complexe sur la rue André-Labadie, tout à côté de la 20, coïncide avec le dévoilement d’une étude de l’Observatoire du Grand Montréal sur l’étalement urbain. Les travailleurs et les familles ne quittent plus seulement Montréal pour venir en banlieue; les banlieusards s’installent carrément en périphérie de la grande région de Montréal (la CMM, ou communauté métropolitaine de Montréal), soit dans nos municipalités un peu plus rurales, si on prend notre région.
Naturellement, pour s’acheter une grande maison avec un terrain gazonné, même si on ajoute d’autres bagnoles à la congestion routière. Mais aussi pour une question de prix des maisons.
Je suis un des premiers coupables. Devant le prix des maisons à Belœil, là où je travaille quotidiennement, j’ai préféré m’installer à Saint-Denis-sur-Richelieu. J’accepte donc 25 minutes de voiture matin et soir pour posséder une maison aussi spacieuse qu’à Belœil, à moindre coût. Et avec du gazon. Je fais donc partie du problème.
En lisant le descriptif du projet Le Victor, on réalise rapidement que les condos de luxe et les quelques penthouses proposés ne visent pas à attirer une clientèle familiale. Les familles n’ont d’autre choix que de s’expatrier.
Où? À Saint-Marc, Saint-Antoine et Saint-Charles-sur-Richelieu, selon L’Observatoire, là où près de la moitié de la population travaillante quitte la municipalité au matin pour aller travailler dans la CMM. Ces municipalités se vident de jour, ni plus ni moins.
Pas pour rien que la CMM favorise un développement résidentiel de plus en plus dense, pour permettre de loger plus de gens dans une même ville qui pourront, on l’espère, prendre le transport en commun ou éviter l’étalement urbain. L’Observatoire note d’ailleurs que, depuis 2013, la construction de maison individuelle se situe sous les 40 % sur le territoire de la CMM. Ce n’est pas le cas dans les municipalités limitrophes à la CMM, toutefois. Et la CMM reproche en quelque sorte à ces municipalités, des municipalités comme Saint-Marc, Saint-Antoine et Saint-Charles-sur-Richelieu, de ne pas appliquer les mêmes standards de densification et donc d’être en partie responsables de l’étalement urbain.
Peut-être. En fait sûrement. Mais lorsqu’un bâtiment de 3, 4 et 5 étages apparait dans le décor avec des condos de luxes, on peut se demander si des villes comme Belœil respectent l’essence de la réglementation. Car oui, les résidents s’entasseront un peu plus. Mais qui peut se permettre un penthouse de luxe, si ce n’est des gens déjà très à l’aise financièrement; des gens qui n’ont pas tendance à s’éloigner pour des raisons de prix.
Je n’ai pas de solution. Seulement, je pense venu le temps d’une discussion un peu plus approfondie et pressante sur la question. Et aussi de revoir notre conception de la maison parfaite avec le petit terrain gazonné.
15 janvier 2020 - 16:07
Un peu moins de gazon
Vincent Guilbault
Je ne suis pas contre le développement. Et je ne pense pas que les élus manquent de vision en matière de développement, surtout résidentiel. Une fois ces deux choses dites, je me demande quelle est cette vision que nous avons de notre région. Prenons pour exemple l’arrivée d’un bloc à condos comme le Victor, à Belœil.
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