22 mars 2023 - 07:00
Un premier commerçant
Par: Vincent Guilbault

Vincent Guilbault

J’ai été étonné du peu de retombées concernant les hausses des taxes commerciales et industrielles à Belœil. On parle quand même de hausse substantielle.

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Bien sûr, chaque année, c’est la même danse; les élus dévoilent les grandes lignes de leur budget et nous sommes tout de suite intéressés par les hausses des taxes foncières. On veut savoir si la maison va coûter plus cher. Normal.

Cette année, les hausses annoncées en novembre et décembre dernier ont parfois été très élevées dans la région, en général de 4 % à 8 % (oui, on se souvient du 11 % d’Otterburn Park). Sauf Belœil, qui a décidé de « geler » la hausse de taxes pour le secteur résidentiel.

Non, un gel de la hausse de la taxe ne signifie pas un gel du compte de taxes. Selon le prix de la maison et de sa valeur, le montant peut fluctuer et certains propriétaires ont vu leur compte de taxes baisser et d’autres augmenter, surtout les plus vieilles maisons qui ont vu leur valeur foncière exploser en raison d’une forme de rattrapage avec la valeur du marché. Mais parlons de gel pour la forme.

Dans un article publié en janvier, le Journal de Montréal titrait même « La nouvelle mairesse de Belœil surprend avec un gel de taxes pour les résidents ». Dans un énorme tableau rempli de rouge, seule la Ville de Belœil avait un petit encadré vert tout positif pour la représenter.

Nous l’avons écrit ici à quelques reprises et je ne veux pas m’acharner; ce tour de magie est possible parce que le milieu commercial et industriel a absorbé cette hausse, lui qui a bénéficié de taxes sous la moyenne de la région pendant des années, souligne la mairesse Nadine Viau. Le rattrapage se justifiait donc.

Je pensais que le milieu des affaires serait outré de cette décision. Mais nous avons eu peu d’échos de cette colère au journal. J’ai entendu des gens d’affaires se plaindre lors de discussions informelles, mais lorsque je sortais mon cahier et mon crayon pour prendre des notes, on se faisait plus… frileux. On ne veut pas avoir une mauvaise relation avec le milieu politique. Mauvais pour les affaires!

Quand nous avons tendu une perche sur Facebook pour récolter les commentaires des mécontents, nous avons eu à peine un ou deux commerçants déçus. Rien pour écrire à sa mère comme dirait l’autre.

Nous avons donc laissé tomber. La hausse passe bien; tant mieux, j’imagine. Passons à autre chose. Nous nous étions mis une petite note mentale pour vérifier dans l’année si des commerces allaient contester la hausse de leur valeur foncière auprès de la Ville. Ou encore de grosses entreprises qui allaient avoir recours aux avocats plutôt qu’aux journalistes.

Finalement, c’est la semaine dernière que nous avons eu notre premier vrai mécontent. Un barbier qui se dit sans autres options que de refiler une partie de la hausse de son compte de taxes à sa clientèle.

En tout cas, il est crinqué, c’est le moins qu’on puisse dire. Et il se dit prêt à manifester. On verra si sa sortie publique mettra le feu aux poudres ou si, comme en novembre dernier, ça fera peu ou pas de bruit.

Voilà pour la petite histoire. À savoir ce que j’en pense, même moi je n’en suis pas certain. La décision de refiler la facture aux commerçants est politique et elle a été prise par des gens élus avec une vision. Je rappelle toutefois que le budget municipal a été adopté non pas à l’unanimité, mais par une mince minorité. Alors, même chez les élus, nous ne sommes pas tous convaincus de la manœuvre. C’est pour ça que la sortie de notre commerçant est si intéressante.

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