Raphaëlle a 17 ans et est à la recherche de ses repères, ce qui l’amène à abandonner ses études et à quitter le cocon familial pour partir vers Londres où elle sera fille au pair chez une riche famille, un scénario qui n’est pas très loin de ce qu’a vécu Karine Glorieux à l’époque. « Moi aussi, j’ai quitté mon petit patelin de la Rive-Sud pour aller à Londres, mais j’étais déjà à l’université quand c’est arrivé. Je me cherchais et beaucoup de choses qui se trouvent dans ce livre sont directement liées à ce que j’ai vécu dans cette vieille maison de quatre étages avec une famille riche de Londres où j’étais à la fois étrangère et dans leur intimité! »
Ce retour à la littérature jeunesse donne une liberté supplémentaire à l’autrice, qui s’adresse « au moi plus jeune qui aime lire ». « Ça se passe en 1994 et j’ai eu beaucoup de plaisir à replonger là-dedans, à me souvenir comment ça marchait dans le temps, avant qu’il y ait les textos pour communiquer! » Le roman est aussi parsemé de références populaires de l’époque, comme l’annonce du décès de Kurt Cobain, de même que plusieurs chansons qui tournaient à ce moment-là (des mixtapes sont même proposés à la fin du livre, pouvant servir de bande sonore pour la lecture du roman). Et même si l’histoire se passe 30 ans dans le passé et de l’autre côté de l’Atlantique, Karine Glorieux considère que le message demeure universel. « Ce sont les mêmes préoccupations : la place que tu occupes dans ta famille, tes amis, le désir d’être en amour… Le langage change, mais profondément, on est les mêmes personnes […] Dans le roman, Raphaëlle devient une adulte grâce à cette expérience à Londres. C’est un véritable moment d’apprentissage pour elle. »
Doux-amer
Karine Glorieux adore utiliser l’humour et les situations cocasses pour traiter de sujets parfois plus sensibles – rappelons qu’elle a réussi à traiter des problèmes de santé mentale avec beaucoup d’humour dans À côté d’la track –, mais L’année où je suis sortie de mon aquarium contient aussi son lot de moments plus touchants. Le recul par rapport à sa famille de même que le sujet de la santé mentale, mais vu de l’extérieur, sont aussi abordés au fil du roman. « Ça faisait longtemps que je l’avais en tête, ce roman. J’ai commencé pendant la pandémie, mais ça m’a pris du temps pour trouver le bon ton. Au début, je visais un lectorat adulte voulant se plonger dans la nostalgie, mais ça a mieux sorti comme un livre jeune adulte. J’ai vraiment hâte de voir ce qui va se passer avec ce livre! » commente-t-elle, en référence au fait que des démarches ont été entamées pour adapter son précédent roman à la télé, chose qu’elle rêverait aussi de voir pour L’année où je suis sortie de mon aquarium. « Côté budget, ça ne pourrait pas se tourner à Londres, mais peut-être à Westmount », lance-t-elle.
Même si le livre n’a pas été écrit avec une suite en tête, l’Hilairemontaise reconnaît qu’elle s’est vite attachée à son personnage et que celle-ci pourrait avoir « d’autres choses à vivre » dans le futur. Dans tous les cas, Karine Glorieux se plaît à retourner dans ses souvenirs pour alimenter ses histoires. « Je trouve ça moins casse-cou de baser mes histoires sur moi, surtout que j’ai du plaisir à revisiter mon passé et à le transformer en quelque chose de différent. » L’essai qu’elle est en train de finaliser lui confirme d’ailleurs qu’elle est beaucoup plus dans son élément dans l’écriture de fiction, où elle compte retourner dans les prochains mois.
« Je crois fermement que la littérature peut servir à mieux vivre. C’est le fun de voir un personnage qui te ressemble et qui vit sensiblement la même chose que toi, même si ce n’est pas la même place et la même époque. Je pense que ce type de roman vient un peu briser les solitudes d’ados, qui n’ont plus à se dire qu’ils sont seuls à vivre telle ou telle situation », conclut Karine Glorieux.
Le roman L’année où je suis sortie de mon aquarium, destiné à un lectorat de 14 ans et plus, a été publié le 8 octobre aux éditions Québec Amérique et est disponible dans n’importe quelle librairie.