En entrevue avec L’ŒIL, Sylvie Lavoie reconnaît que son thème de prédilection, un sujet qui l’a elle-même affectée de près, n’est pas un sujet facile, mais qu’elle est heureuse d’arriver à en parler de façon non dramatique. Dans le cadre de son exposition, elle invite les visiteurs à vivre un parcours rituel à travers trois salles. « Dans la première station, les gens peuvent se laisser habiter par celles que j’appelle mes fantômes, mes ancêtres allant jusqu’à la première femme qui a mis les pieds en Nouvelle-France il y a 14 générations. […] Dans la deuxième, il y a une montagne de vêtements, tous donnés par les femmes que j’ai rencontrées au fil des années. Les vêtements, c’est comme récupérer ses trésors, des parts de soi qu’on a mis de côté. » Et la troisième salle laisse place à un photomaton moderne, invitant les participantes à « prendre la posture d’une reine » le temps d’une photo, qu’elles pourront ensuite ajouter à l’installation juste à côté. Plus de 300 personnes se sont prêtées au jeu depuis que Sylvie Lavoie a présenté son exposition pour la première fois, et cette finale permet selon elle de quitter l’exposition avec un souvenir positif.
Un audioguide est également offert pour accompagner les visiteurs dans leur expérience. Le guide, narré par l’artiste, ne dure pas très longtemps – environ 6 minutes –, mais il aide à expliquer la démarche et le processus par lequel Sylvie Lavoie est passée et il invite aussi le public à entamer son propre processus de guérison pour certains traumas.
« Ça arrive à l’occasion que les gens soient émotifs et touchés en visitant l’exposition. Au vernissage ici, il y en a quelques-uns qui ont pleuré. On m’a dit que l’exposition était percutante, mais qu’elle était malgré tout porteuse d’espoir », commente l’artiste. Depuis le début de l’exposition le 26 mars, elle a aussi eu plusieurs occasions d’offrir des ateliers à des organismes en lien avec le thème des violences transgénérationnelles faites aux femmes, connaissant un bon succès chaque fois. Sylvie Lavoie précise toutefois que si son sujet de prédilection est essentiellement féminin, l’exposition s’adresse à tous et que les hommes peuvent être aussi touchés par la question des traumas transgénérationnels.
Lancement d’un livre
Dotée de plusieurs talents, la Belœilloise a aussi écrit un livre, sur le même thème que son exposition. Lui aussi intitulé Les transmissions silencieuses, le livre a été lancé à l’occasion du vernissage et se veut un outil pour montrer comment elle a utilisé l’art pour guérir de ses traumas. « C’est la somme de plusieurs années de travail. C’est mon troisième livre, mais c’est de loin mon plus intime, et j’ai bien l’impression que ce ne sera pas mon dernier! » L’ouvrage d’environ 150 pages peut par ailleurs servir de compagnon à l’exposition et contribuer à poursuivre la réflexion sur le sujet.
L’exposition Les transmissions silencieuses est présentée à la Maison Villebon jusqu’au 27 avril seulement, et l’artiste a annoncé son désir de retourner prochainement à la création en vue de son prochain projet. Quant à son livre du même titre, il est actuellement en vente sur leslibraires.ca et auprès de quelques librairies, dont le Buropro Citation de Belœil.
