24 août 2022 - 07:00
Documentaire Marie-Soleil et Jean-Claude : au-delà des étoiles
Un souvenir toujours vif 25 ans plus tard
Par: Olivier Dénommée

La date du 10 août 1997, où un tragique accident d’avion a fauché la vie de Marie-Soleil Tougas et de Jean-Claude Lauzon, est encore gravée dans la mémoire de bien des Québécois. La nouvelle de la mort à 27 ans de Marie-Soleil, qui est née à Mont-Saint-Hilaire, mais qui a surtout grandi sous l’œil du public, avait ébranlé tout le Québec. Vingt-cinq ans plus tard, le documentaire Marie-Soleil et Jean-Claude : au-delà des étoiles, qui aborde la mort, mais surtout la vie de Marie-Soleil et de son amoureux, vient boucler la boucle.

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« Collègue et amie de Marie-Soleil depuis l’époque de Chambres en ville, Patricia Paquin, elle-même résidente de la région, a accepté de participer au documentaire et de commenter ses impressions sur celui-ci. « Ce projet a permis de boucler la boucle. J’ai vite compris que l’angle n’était pas de s’attarder à la tragédie, mais plus à la trace, l’héritage qu’ils laissent derrière. » Elle croit que le résultat final est assez fidèle au souvenir de son amie, mais reconnaît l’ironie d’aller aussi loin dans l’intimité du couple. « Marie-Soleil était très secrète et beaucoup n’ont appris sa relation avec Jean-Claude Lauzon qu’après leur mort. Je me demande ce qu’ils auraient pensé de savoir qu’on va dans leur journal intime! […] Eux qui ne voulaient pas être associés l’un à l’autre le sont maintenant pour toujours », remarque Patricia Paquin.

Pour toutes les générations

Marie-Soleil et Jean-Claude : au-delà des étoiles surprend dans la mesure où il ne s’adresse pas qu’à un public qui a vu Marie-Soleil Tougas grandir ou qui a connu les films de Jean-Claude Lauzon. Même des gens qui étaient trop jeunes pour se souvenir des rôles cultes de l’Hilairemontaise ou des gens qui n’étaient même pas nés il y a 25 ans ont été touchés par le documentaire. « C’était un pari que j’ai fait, de faire un documentaire populaire. Quand l’histoire est captivante et bien amenée, je pense qu’on peut raconter n’importe quoi, même la vie de deux personnes décédées il y a 25 ans », affirme Jean-François Poisson au sujet de ce documentaire « honnête », mais extrêmement touchant par moments. Patricia Paquin confirme que son fils de 11 ans a lui aussi apprécié le film, même sans attachement émotif aux personnes dont la vie a été racontée.

Maintenant que cet hommage à la vie de Marie-Soleil Tougas et de Jean-Claude Lauzon est disponible, le réalisateur estime qu’il sera difficile de refaire parler les intervenants sur le même sujet. « Je l’ai fait et j’y ai mis mon cœur. Est-ce que quelqu’un pense qu’il pourra aller plus loin dans 5, 10 ans? Je ne sais pas, mais je ne suis pas sûr que les gens parleront encore. » Patricia Paquin abonde dans le même sens. « Tout a été dit dans le documentaire. Mais je ne serais pas surprise d’un jour voir un film basé sur l’histoire d’amour entre Marie-Soleil et Jean-Claude. Il y avait quelque chose d’épique dans leur histoire! »

Le documentaire Marie-Soleil et Jean-Claude : au-delà des étoiles est disponible depuis le 10 août dernier, soit la date du 25e anniversaire de l’accident, sur la plateforme Vrai.

C’est à Jean-François Poisson (L’escroc : l’affaire Norbourg, L’Ordre du temple solaire, Priez pour nous) qu’on doit ce documentaire de 80 minutes, qui donne la parole à ceux qui ont connu Marie-Soleil Tougas et Jean-Claude Lauzon. L’idée lui est venue de se pencher sur le sujet il y a deux ans, alors qu’il voyait le 25e « anniversaire » de la tragédie approcher. J’avais 16 ou 17 ans quand c’est arrivé, et les images me sont toujours restées en tête. […] Rien de majeur n’avait encore été fait à ce sujet et rien n’avait été fait sur les deux ensemble. Je me suis donc intéressé à la biographie des deux personnes et à leur œuvre », explique celui qui a à la fois écrit et réalisé le documentaire.

Nostalgie

Jean-François Poisson a lui-même appris beaucoup de choses sur le couple, qui se faisait très discret quant à sa relation – plusieurs intervenants se souviennent que Marie-Soleil appelait Jean-Claude son « pas chum ». « Je connaissais surtout leur carrière et je me permets une petite orgie de nostalgie avec des extraits de Chop Suey et de Fort Boyard », commente le réalisateur, qui tenait à aborder aussi d’autres aspects et ne pas ainsi se concentrer uniquement sur l’accident.

Il est parvenu à faire parler près d’une vingtaine de personnes, qui ont toutes gardé de vifs souvenirs de Marie-Soleil Tougas et de Jean-Claude Lauzon. Le témoignage de la mère de Marie-Soleil, Micheline Bégin, est d’ailleurs de loin le plus émotif qu’il est possible d’entendre au fil du documentaire. « C’est le témoignage le plus fort, le plus intense. C’est une perfectionniste et je pense qu’elle a voulu faire une entrevue à la hauteur de sa fille. » Les autres personnes approchées ne se sont pas trop fait prier non plus, assure Jean-François Poisson. « Les gens avaient envie d’en parler, pour ensuite pouvoir tourner la page. J’ai fait face à quelques refus, par exemple Gregory Charles parce qu’il avait tout donné pendant les funérailles de Marie-Soleil », explique le réalisateur. Ce dernier note que tous les témoignages entendus dans le film sont complémentaires.

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