Il peut sembler difficile de croire que ce film soit le premier du Belœillois de 36 ans. Rencontré par L’ŒIL, le réalisateur a longuement parlé de ce qui l’a amené à vouloir créer un tel film en hommage à ce qu’il considère comme une des références universelles dans le monde du cinéma d’horreur.
« Mon intérêt pour les films d’horreur remonte à loin : enfant et jeune ado, je ne mangeais que ça. J’ai écouté le premier Scream [Frissons en français] peu après sa sortie en 1996 et j’ai adoré le film, mais comme c’était lui-même un hommage à Halloween avec des références nombreuses à ce film de John Carpenter, j’ai voulu absolument le voir aussi. […] Ce film, c’est ce qu’on appelle un slow burner, où il ne semble pas se passer grand-chose, mais où on voit le mal qui rôde à travers l’histoire, une structure vraiment fun dans sa simplicité. Aujourd’hui, tout près de 45 ans plus tard, ce film n’a pas vieilli et demeure le blueprint sur lequel plusieurs films d’horreur sont basés. »
Par amour pour le cinéma, Dominick Cousineau-Benoit a lui-même fait des études en cinéma et en télé et a travaillé quelques années sur des plateaux avant de délaisser le milieu pour se diriger vers le travail social… pour ensuite revenir vers la vidéo et ouvrir sa propre boîte de production vidéo. « Cela fait maintenant sept ans que j’ai mon entreprise. J’adore mon travail, mais j’avais aussi envie de développer mon côté narratif. Quand la pandémie a frappé, j’étais seul dans un appartement de Montréal. Tous mes contrats étaient tombés et j’ai eu du temps pour participer à un petit festival de films où j’ai produit quelque chose tout seul, où j’étais à la fois comédien et technicien. Quand j’ai pu reprendre mes contrats, le mal était déjà fait! Combiné à la nouvelle trilogie Halloween initiée en 2018, le chemin s’est fait naturellement dans ma tête que je voulais faire mon propre film d’Halloween. »
Quatre nuits
Son souhait s’est concrétisé l’automne dernier lorsqu’il a assemblé une petite équipe bénévole pour tourner Halloween Stalks. Si le résultat à l’écran est bien convaincant, en coulisse, le cinéaste reconnaît qu’à peu près tout aurait pu mal se passer pendant ce tournage de quatre nuits seulement! « Je suis un passionné et je pense que j’ai réussi à insuffler cette passion, cette flamme-là à tous ceux à qui j’ai parlé pour y participer. Quand j’ai lancé le projet, je n’avais ni scénario ni casting en tête, à l’exception du tueur, que je voulais voir interprété par mon ami Benoit Sansoucy, qui n’est pas un acteur, mais qui a un talent fou. »
Ce n’est d’ailleurs qu’au premier jour de tournage qu’il a rencontré les membres de son équipe de production. La scène la plus difficile, tournée dans un bois, a d’ailleurs été tournée ce premier soir alors qu’il restait encore un acteur à trouver pour compléter la distribution. « Tout le monde a été extrêmement conciliant et gentil, même si on faisait de longues nuits de tournage, souvent à partir de 19 h jusqu’à 5 h du matin », note le cinéaste. Le froid et la noirceur ont causé certains défis à l’équipe, mais deviennent de sacrées anecdotes pour Dominick Cousineau-Benoit. « Il faisait tellement froid qu’un de mes acteurs [Stephen Maclean Rogers] gelait parce qu’il ne pouvait porter qu’un petit manteau qui devait rester ouvert. Il ne l’a pas eu facile, mais ça en a valu la peine. […] Les scènes dans le bois ont aussi été difficiles parce que les endroits qu’on a retenus étaient en réalité situés à 400 m l’un de l’autre. Et quand l’actrice [Anne-Julie Proulx] y fuit en courant, elle n’y voyait absolument rien! Elle s’est aussi blessée au coccyx en tombant dans une scène et a eu mal pendant une semaine après ça! » Il salue d’ailleurs le talent et le dévouement de l’entièreté de l’équipe qui a rendu le film possible et qui a contribué à son succès.
Et même si tout le monde a travaillé bénévolement sur Halloween Stalks, le projet aura quand même coûté 10 000 $ de la poche de Dominick Cousineau-Benoit. « C’était un investissement pour moi. D’autres gens auraient ramassé de l’argent pour un voyage dans le Sud. Moi, mon Sud, c’était ce film! » Le fameux masque de The Shape a aussi coûté à lui seul environ 500 $ pour ressembler le plus possible à l’original.
Endroit parfait
Le film peut maintenant être visionné gratuitement sur YouTube depuis le vendredi 13 janvier (date qui n’a pas été choisie au hasard!). Le court-métrage a rapidement connu un certain buzz sur Internet. Au moment de mettre sous presse, il cumulait déjà 57 000 vues, 1000 commentaires et 2700 mentions « J’aime ». « Au-delà des vues, de gens de partout à travers le monde, ce sont les commentaires qui me frappent. Plusieurs disent que c’est le meilleur fan film de Halloween qu’ils ont vu, meilleur que certaines productions hollywoodiennes. On en prend et on en laisse, mais c’est plaisant à lire! »
Un autre commentaire récurrent est le choix des lieux, loué par de nombreux internautes. C’est sur une propriété de Saint-Liboire, chez les parents de son ami Benoit Sansoucy, que tout a été tourné, recréant une atmosphère lugubre rappelant un peu Haddonfield, Illinois, où se passe le film original. « Beaucoup m’ont dit que le succès de l’atmosphère du film passait par les lieux; la cour avec la remise et l’arbre au milieu et le bois, qui sont tous sur la même propriété! […] Pendant la recherche des lieux potentiels pour le tournage, je me promenais à Belœil la nuit et je prenais des photos de maisons. J’avoue que ça aurait pu avoir l’air suspect », rigole le réalisateur.
Halloween Stalks sert ainsi de belle carte de visite en vue d’un prochain projet, qui pourrait voir le jour d’ici la prochaine année.