Dans un article publié le 4 septembre dernier dans La Presse, la professeure à Polytechnique Montréal et titulaire de la Chaire Mobilité Catherine Morency rapportait que les automobilistes ne sont pas si sensibles au coût du déplacement. S’ils l’étaient, on ne verrait pas autant de gros véhicules sur les routes, par exemple. Il semble que la gratuité des transports ne convertisse pas les mentalités des automobilistes, mais celle des piétons et des cyclistes.
Donc, le coût du billet d’autobus n’est pas la principale motivation des utilisateurs du transport en commun. Il faut que le mode de transport soit simple et efficace. L’automobiliste ne préfère pas la voiture pour des motifs économiques, mais pour des motifs de liberté et de simplicité. Bête comme ça.
Et l’article de mon collègue Olivier Dénommée, qui a discuté avec des utilisateurs et employés d’exo, en plus d’avoir lui-même passé quelques heures dans les bus, montre qu’exo à la demande est tout sauf simple.
Le projet pilote en est à sa deuxième année. Maintenant, les décideurs devront évaluer la possibilité de reconduire le projet pour une troisième année. Et après tout ce que je viens de dire, et à la lecture de l’article de mon collègue, on pourrait croire que je serais en faveur de tirer la plug. Eh pourtant, pas tellement.
Belœil, McMasterville et exo ont pris un pari; celui de tester une nouvelle approche dans la région. Les ratés étaient inévitables. Clairement, le système n’est pas au point, autant l’application sur le téléphone que son implantation. Des chauffeurs épuisés avec un horaire tellement serré que la pause pipi est en option. Des utilisateurs qui brassent les dés chaque matin pour savoir si le bus va se pointer.
Même si exo nous avance des chiffres de satisfaction des clients, la réalité nous montre que ce n’est pas au point.
Pourtant, je pense que les deux villes et exo doivent maintenir le cap, même si ça ne sera pas au point tout de suite. C’est dommage, mais ce n’est pas « grave ». Nous ne sommes pas au Parc jurassique. Personne ne va se faire bouffer par un dinosaure parce que l’application n’est pas au point.
Et comme je disais en septembre dernier, la gratuité envoie un message. Et l’application semble s’améliorer. Donc, je suis de ceux qui pensent que le projet pilote devrait s’étirer. Mais il faut que le processus d’amélioration continue se maintienne. On promet déjà de se pencher sur les horaires invivables des chauffeurs. C’est rassurant.
Je suis souvent rapide dans cette chronique à critiquer les décisions qui ne fonctionnent pas tout à fait. Mais je peux aussi reconnaître que lorsque l’on prend un risque et que l’on tente de briser le statu quo, on doit accepter que ça grince un peu. Naturellement, les utilisateurs du système sont un peu des cobayes, mais leur « sacrifice » nous servira peut-être à bonifier l’offre de transport en commun dans la région. Nous en avons bien besoin.