À peine une semaine s’est écoulée entre son diagnostic de cancer et le moment où elle a obtenu l’aide médicale à mourir, mais cette semaine a paru « comme une éternité » pour son conjoint des 22 dernières années, Claude Poulin, mais aussi pour ses amies proches, qui ont compris sa décision de ne pas étirer ses souffrances. « Tout s’est passé très rapidement, mais elle était sereine dans sa décision. On l’a visitée la veille de son décès et on l’avait trouvée tellement forte et courageuse! » note Marie-Andrée Leclerc.
Œuvres puissantes
Chaque personne à qui L’ŒIL a pu parler a fait mention du grand sens de l’intuition de Diane Royer dans son art, et ce, jusqu’à la toute fin. Son mari a montré les dernières toiles qu’elle a créées dans son atelier, dans certains cas quelques jours à peine avant d’avoir son diagnostic, montrant des images extrêmement sombres évoquant notamment la mort et la maladie. « Comment a-t-elle su? » se demande encore Claude Poulin, qui, avec du recul, considère que même sa dernière exposition était annonciatrice de la fin, particulièrement dans les textes accompagnant ses œuvres, faisant notamment mention du « futur incertain ».
De son côté, Jérémie Boudreault, qui la connaissait depuis plus de 20 ans, se souviendra toujours d’une femme « intuitive et indépendante au caractère fort » qui a su créer un art « unique et puissant », que l’artiste elle-même décrivait comme de l’abstraction lyrique. Diane Royer s’exprimait aussi à travers son amour pour l’horticulture, une passion qu’elle partageait avec Thérèse Dion, une autre amie de longue date. « Diane était plutôt introvertie, elle cultivait son jardin secret », illustre-t-elle. Elle garde le souvenir d’une artiste « créative de A à Z », qui arrivait à faire découvrir son monde intérieur à travers l’art. « Les dernières années, son art était sombre, mais aussi très visionnaire. Avec un rien, elle pouvait créer une beauté extrême », ajoute-t-elle, notant l’importance de ses textes poétiques pour mieux comprendre le sens de son art. « Même dans ses œuvres les plus sombres, il restait de la lumière et du bonheur », estime-t-elle.
« C’est un gros héritage artistique qu’elle laisse derrière elle », résume Marie-Andrée Leclerc, à qui on a confié la tâche d’évaluer les œuvres de son amie. Elle ne sait pas encore ce qui adviendra de l’ensemble de son corpus, mais elle espère que certaines toiles significatives demeureront dans la région pour qu’on se souvienne de cette artiste qui a passé une bonne partie de sa vie à Belœil. Claude Poulin pense quant à lui que les toiles finales de sa conjointe pourraient éventuellement se retrouver dans une « exposition choc » montrant ce qu’elle ressentait dans ses derniers mois, avant même de savoir qu’elle était atteinte d’un cancer.
Funérailles intimes
Malgré l’importance de son œuvre, Diane Royer ne souhaitait pas de grandes funérailles, indique Claude Poulin. Il n’y aura donc qu’une cérémonie intime pour ses proches, qui pourront célébrer la vie de cette « bonne vivante » au « grand cœur » qui savait répandre la bonne humeur autour d’elle. « Je me souviendrai toujours de cette personne généreuse et attentive », confirme son amie Monique Dell’Aniello, qui gardera, comme plusieurs autres personnes, précieusement des tableaux de Diane Royer pour la garder près d’elle.