Rencontrés au Quartier Général du Vieux Belœil, un endroit qu’ils ont souvent fréquenté comme musiciens à l’époque où c’était le Bistro Laurier, les deux complices en avaient long à dire sur l’évolution de leur démarche comme artistes. Si En Rouge n’a en apparence pas grand-chose en commun avec Backseats – un versait dans une musique pop-rock anglophone, l’autre assume un son électro-rock en français –, ils voient un peu le premier groupe comme la genèse de ce qu’ils en viennent à créer aujourd’hui.
« À l’époque, on était tellement impliqués là-dedans, mais la réalité familiale a fini par prendre le dessus. La passion a toujours été là et j’ai continué de composer de mon côté. Depuis deux ans, j’ai commencé à explorer le côté électronique avec les claviers et je me suis découvert une nouvelle créativité. C’est quand j’ai partagé ça avec Fred qu’on a décidé de faire un nouveau projet en duo », raconte le guitariste Marc Rougeot. Frédéric Dénommée était exactement au même endroit dans son cheminement artistique, lui qui s’est surtout fait connaître ces dernières années dans le monde des arts visuels. « Même si ce n’est pas ce qu’on jouait, j’ai toujours aimé Depeche Mode et la musique des années 80. Quand Marc m’a présenté comment sa musique avait évolué, j’ai eu un déclic : je venais de découvrir une facette de lui que je ne connaissais pas encore et, avec mon expérience dans les arts visuels, je voulais travailler sur quelque chose de très “habillé” visuellement pour nos spectacles. C’est super stimulant comme projet! »
En Rouge permet ainsi au tandem de repousser ses limites, autant au niveau de la musique que des textes ou de la signature visuelle, un défi qui le motive au plus haut point. « Marc est bon dans la composition de pièces instrumentales. C’est possible qu’il y en ait donc, et d’autres avec davantage de textes plus slammés avec juste une musique d’ambiance à l’arrière, en plus du visuel, qui laisse place à un beau potentiel », estime Frédéric Dénommée.
Ce dernier, chanteur et parolier principal, reconnaît qu’il a pris l’habitude de chanter en anglais avec le précédent groupe, mais qu’il avait la volonté d’assumer ses racines francophones, même s’il doit par le fait même « réapprendre » à chanter dans sa propre langue. « Ce positionnement est plus identitaire que stratégique. Même à l’époque des Backseats, quand on jouait en région, je commençais à avoir un petit conflit intérieur par rapport à ça. »
Un avant-goût
En Rouge a choisi la chanson « Immortel » comme tout premier extrait afin de se faire connaître. Le côté électronique, presque industriel, ajoute beaucoup de lourdeur, complémentant bien les textes de la chanson disponible en deux versions depuis fin octobre sur les plateformes numériques. « Quand on écoute nos compositions, les gens n’arrivent pas à dire exactement à quoi ils trouvent que ça ressemble : je le prends comme un compliment, car j’ai des influences, mais je n’essaie pas de copier un autre band », commente Marc Rougeot.
Le duo assure que le travail est bien avancé pour les autres chansons qui figureront sur le premier EP, à paraître dans les premiers mois de 2025, abordant des thèmes d’actualité comme les droits de la personne, la dépendance aux écrans et le temps qui nous file entre les doigts, pour n’en nommer que quelques-uns.
Les musiciens songent déjà à la proposition qu’ils feront en spectacle. « On travaille sur la formule pour voir ce qu’on joue en live et ce qui peut rester en playback. Je pense que ça va donner quelque chose d’intéressant pour un événement comme Showfrette [à Belœil], par exemple. On est encore en train de travailler le pacing de chaque chanson et on veut créer une histoire d’une chanson à l’autre avec un enrobage visuel. […] Ce qui est intéressant aussi, c’est qu’en spectacle, il est possible d’étirer nos versions », relate Frédéric Dénommée. Les détails pour le lancement du EP ne sont pas encore ficelés à ce stade-ci, mais les complices souhaitent le présenter dans une salle intimiste dans la région. Ils espèrent aussi jouer en festival et assurer des premières parties dès l’été prochain pour se faire découvrir par davantage de gens.
Les membres d’En Rouge se disent aussi à l’aise avec la réalité des plateformes d’écoute en continu (streaming), qui ne rapportent à peu près aucune redevance, mais qui permettent de rendre accessible leur musique facilement. « Avec ce projet, on ne veut pas être une mode ou une marque. On pense aller chercher une tranche nostalgique de l’époque de Depeche Mode et Indochine, mais à la base, on reste fidèles à ce que nous on a envie de faire comme musique », insiste Frédéric Dénommée.
Maintenant qu’« Immortel » est lancée dans l’univers, le duo espère que la chanson aura la vie qu’elle mérite et qu’elle attisera la curiosité pour la suite du projet.