Mme Henley avait 17 ans lorsqu’elle a commencé à travailler pour sa cousine, Marie-Lise Labrie-Lessard, qui a ouvert chez elle sa garderie sur la rue des Pinsons. « Elle m’avait demandé de l’aide. Elle avait mis une annonce dans le journal pour garder quelques enfants et ça a vite déboulé. Il y avait à l’époque beaucoup de femmes qui retournaient au travail », raconte l’éducatrice.
Pendant les premières années d’existence de la garderie, en plus de s’occuper des enfants, Marielle Henley a poursuivi des études en administration. Un jour, elle a passé un entretien d’embauche pour une firme comptable à Saint-Lambert. En entrant dans le bureau, elle a vite compris que ce boulot n’était pas fait pour elle. « Assise, derrière un bureau, ce n’est pas moi. La firme m’avait même rappelée un an plus tard, mais j’avais refusé l’offre. »
Mme Henley est demeurée ainsi fidèle au poste pendant quatre décennies. « On avait une belle petite équipe. Marie-Lise était une personne très humaine et plusieurs employés sont restés ici pendant longtemps. À un certain moment, mon conjoint m’avait suggéré d’appliquer ailleurs où le salaire était plus élevé. Pour moi, la paie n’est pas ce qui est le plus important. Si je suis ici depuis 40 ans, c’est parce que j’aime ce que je fais. Et les enfants me le redonnent. Une femme dont j’ai gardé sa fille il y a plusieurs années est venue porter ses petits-enfants. Elle ne s’était pas imaginé qu’une telle chose aurait pu se produire. »
Témoin de l’évolution
Marielle Henley a été témoin pendant toutes ces années de l’évolution des services de garde au Québec et de la société. « Au début, nous gardions les enfants jusqu’à l’âge de 9 ans. Nous accueillons les enfants d’âge scolaire chez nous après la fin des classes. J’ai beaucoup de souvenirs de ces jeunes. Une des premières à être gardées ici a été à la garderie de 6 mois à 9 ans. »
Mme Henley reconnaît que bien des choses ont changé en 40 ans dans le quotidien des enfants. « La technologie, l’alimentation, le temps de jeu dehors, pour ne nommer que quelques aspects, sont bien différents que dans les années 1980. Mais j’ai réalisé davantage que les enfants sont des êtres d’émotions et peuvent avoir de la difficulté à l’exprimer à l’occasion. Je suis plus sensible à ça aujourd’hui. »
Un important chapitre du milieu de garde s’est produit en 2002 quand la garderie est devenue un CPE. En 2004, la cousine de Marielle Henley a passé le flambeau à Denise Bélisle à titre de directrice. Quelques années plus tard, une deuxième installation ouvrait ses portes à Saint-Basile-le-Grand. Une troisième installation verra le jour à Saint-Bruno-de-Montarville.
La force de l’éducatrice est d’avoir su s’adapter aux changements, de l’avis de Julie Nault, actuelle directrice du CPE Les Contes de fée. « Il y a des gens d’une certaine expérience qui sont inflexibles et restent ancrés dans leur façon de faire. Marielle s’est adaptée au rythme du temps, au bâtiment, aux enfants, aux familles et même aux jeunes éducatrices qui entrent à notre emploi. Marielle est un pilier et une sécurité pour toute personne qui prend la direction du CPE », ajoute Mme Nault, qui a succédé à Mme Bélisle en 2018.
Un anniversaire qui mérite d’être souligné
Lise Nault a tenu à fêter cette année les 40 ans du milieu de garde. « On me demande pourquoi je n’attends pas au 45e ou 50e. Je voulais faire ça pendant que Marielle est ici. J’ose espérer pour elle qu’elle ne travaillera plus dans 10 ans. En plus, nous faisons un nouveau logo et notre site internet. Ces changements ne sont pas liés au 40e; nous profitons du momentum que nous avons pour le faire. »
Un événement pour les enfants et les familles pour le 40e est prévu ce vendredi. Les tout-petits pourront entre autres s’amuser dans des jeux gonflables. Animation et friandises seront aussi au menu. Une soirée reconnaissance sera organisée pour les éducatrices le 28 octobre, soit pendant la deuxième édition de la Semaine nationale des éducatrices et éducateurs de la petite enfance.