Le choix du Québec n’est pas complètement anodin pour Leí, qui y est venue pour la première fois à l’âge de 14 ans dans le cadre d’une tournée, sans se douter qu’elle pourrait y vivre. Elle ne cache pas non plus sa grande admiration pour Céline Dion. Son souhait initial était de fonder une famille avec son mari, l’Ontarien James Pretli, à Trinité-et-Tobago, mais la hausse de la criminalité là-bas les a convaincus de plutôt aller au Canada, tout d’abord à Montréal, avant de tomber en amour avec Saint-Basile. Étrangement, cette ville lui rappelle beaucoup l’île caribéenne où elle a grandi. « Ça fait environ cinq ans qu’on est ici et, au début, je ne voulais pas parler de Saint-Basile aux gens de Montréal parce que je voulais protéger cette ville; maintenant, je veux que tout le monde sache à quel point c’est un endroit fabuleux! Les gens ici sont tellement gentils et prêts à aider et c’est de leur faute que je ne parle pas plus français, parce qu’ils veulent pratiquer leur anglais avec moi », raconte la chanteuse en entrevue, principalement menée dans la langue de Shakespeare.
Si Leí apporte avec elle la chaleur humaine des Caraïbes lorsqu’elle discute, elle devient particulièrement intense lorsqu’elle parle de sa vocation, la musique. Ayant grandi dans une famille religieuse où la seule musique tolérée était la musique d’église, elle a quitté le foyer dès l’âge de 15 ans pour se consacrer à sa carrière internationale. Sa voix puissante lui confère un large registre, mais c’est le rock qui, ultimement, « l’a choisie », assure-t-elle, citant notamment Tina Turner comme une grande inspiration.
Mais en s’installant au Québec, elle est repartie à zéro, ce qu’elle a trouvé très difficile au début. Surtout, la mentalité face aux artistes est très différente ici, et pas nécessairement pour le mieux. « Ici, les musiciens sont fantastiques, mais il n’y a pas assez d’opportunités pour briller à l’international et on leur offre souvent une paie ridicule pour ce qu’ils font! Même quand j’étais enfant, je n’aurais pas monté sur scène pour 50 $ », critique-t-elle, estimant qu’il y a peut-être un problème de marketing autour des artistes qui n’arrivent pas à convaincre le public qu’il en a pour son argent en allant les voir au juste prix. « Pourquoi les gens paient pour aller voir les Rolling Stones? Pas juste parce qu’ils font de la bonne musique, mais aussi parce que ce sont des rebelles, et si vous êtes un peu rebelle aussi, vous avez envie d’y être et de pouvoir lâcher votre fou! »
C’est d’ailleurs la même intensité qu’elle souhaite amener dans ses performances. « Je sais que sur scène, je livre toute une performance qui ne laisse personne indifférent. Quand tu viens me voir, tu oublies tous tes problèmes et tu te concentres sur le spectacle à la place », promet la chanteuse, pleine d’assurance. Elle résumerait la mentalité ambiante à Trinité-et-Tobago, qui se traduit dans ses spectacles : « We work hard and we play hard, c’est aussi naturel que respirer pour nous. »
Trois extraits
Au fil des années, la Grandbasiloise a interprété plusieurs grands titres du rock et a même monté un spectacle hommage à Tina Turner, mais elle n’a à ce jour qu’une poignée de chansons originales dévoilées sur les plateformes numériques, qui donnent un petit aperçu de sa vision de la vie. « Je ne sais jamais où le rock me guide et la dernière chanson, “Desire” [lancée en mai dernier], tombe même dans le registre métal! J’avais besoin d’écrire cette chanson qui a été thérapeutique pour moi comme pour mon entourage. Les paroles sont comme un coup de pied au derrière et donnent des conseils que tous devraient suivre », soutient-elle. « Filters », son tout premier extrait, a un message aussi fort, critiquant ouvertement les critères de beauté qu’impose la société et l’abus des filtres sur les photos. « La confiance, c’est tellement plus sexy », résume-t-elle. Enfin, « Devil’s Train » est peut-être sa chanson la plus personnelle, relatant l’intensité de sa relation avec son mari. « Mon amour pour lui me rend vulnérable… Je n’aime pas ça, mais en même temps, j’adore ça! C’est ma chanson 50 Shades of Grey », lance-t-elle.
Ces trois chansons doivent se retrouver sur un mini-album à paraître dans les prochains mois avec deux autres chansons encore inédites. D’ici là, elle espère monter sur scène – sa deuxième maison – le plus souvent possible. Son prochain spectacle est d’ailleurs prévu le samedi 20 juillet, au Quartier de Lune, à Québec, en compagnie d’autres groupes rock et métal québécois. Ce sera l’occasion pour elle de jouer ses nouvelles chansons et de montrer au public ce qu’elle a vraiment dans le ventre. « Promis, ce sera tout un show que je vais donner. Ceux qui y assisteront s’en souviendront longtemps! »
Pour plus d’infos sur Leí : leimusic.com.