5 octobre 2018 - 12:18
Une équipe spécialisée pour la DPJ
Par: Karine Guillet
Une équipe régionale composée de 18 personnes évalue les cas d’abus sexuel chez les 0-5 ans. Photo: Pixabay.com

Une équipe régionale composée de 18 personnes évalue les cas d’abus sexuel chez les 0-5 ans. Photo: Pixabay.com

Depuis plus d’un an, la direction de la protection de la jeunesse de la Montérégie a confié la gestion de certains cas spéciaux à une équipe régionale, un choix qui lui permet de mieux assumer son rôle auprès de ses partenaires et de développer une expertise.

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L’équipe régionale des mandats spéciaux compte présentement 18 personnes chargées d’évaluer les cas d’abus sexuels pour les enfants de tout âge, d’abus physique chez les 0-5 ans de même que les cas spéciaux qui concernent un tiers en situation d’autorité.
Les cas de signalement à la DPJ sont régis par une entente multisectorielle entre la DPJ, le milieu policier, le procureur de la couronne et parfois d’autres acteurs, comme le milieu scolaire ou médical. Selon la chef de l’équipe régionale de mandats spéciaux Nathalie Benoit, cette entente n’était pas appliquée uniformément. «[Nous avions] un désir de vouloir s’approprier notre mandat, notre rôle de coordonnateur de cette entente et s’assurer qu’il y avait une uniformité dans l’application.»
La directrice de la protection de la jeunesse de la Montérégie, Josée Morneau, constate que la centralisation de ces cas vers une seule équipe a permis d’uniformiser les partenariats avec la police, le procureur de la couronne et le milieu médical. «C’est un des impacts majeurs qu’on a remarqués dans la dernière année, ajoute Mme Benoit. Les policiers soulignent le fait que, puisque c’est toujours les mêmes intervenants, ils ont développé des façons de travailler ensemble dans l’échange d’information et dans l’intervention.»
L’entente a aussi permis aux intervenants d’êtres plus à l’aise lorsqu’ils doivent témoigner en cour afin d’expliquer leurs décisions. Leur expertise à titre de témoin est aussi davantage reconnue, croit la chef d’équipe.

Une expertise unique
L’évaluation des cas d’abus sexuel pose un défi supplémentaire à la DPJ, alors qu’il s’agit souvent de la problématique pour laquelle il y a le moins d’indices, rappelle Mme Morneau. «En abus sexuel, un enfant, on peut le côtoyer tous les jours et ça peut passer inaperçu. Il faut une verbalisation pour être capable de dénoncer cette situation. Ça demande des gens qui ont de l’expérience pour être en mesure d’apprécier la crédibilité d’un enfant.»
Si la démarche d’évaluation est restée la même, Mme Benoit constate que le fait de confier ce mandat à une équipe dédiée amène une richesse au niveau de l’intervention et permet le développement d’une expertise autour de cette question. Elle soutient que d’avoir des intervenants habitués à gérer ce type de dossier facilite grandement l’évaluation en elle-même. «En abus sexuel, avec les parents, on rentre dans l’intimité, rappelle-t-elle. Quand c’est un parent qui est l’agresseur, on rentre dans la chambre à coucher pour voir comment se passent les relations sexuelles. Ça prend quelqu’un qui est à l’aise d’aborder ça, d’entendre la réponse et le dévoilement que l’enfant va faire.»
L’évaluation des abus physiques chez les jeunes enfants a aussi été confiée à l’équipe spécialisée, notamment en raison de la vulnérabilité de cette tranche d’âge. En raison de leurs capacités développementales, les enfants de moins de cinq ans ont une capacité plus restreinte de raconter ce qui leur est arrivé qu’un enfant d’âge scolaire. Il y a aussi souvent de blessures inexpliquées, et les intervenants sont souvent appelés à collaborer avec les médecins. «Ça va prendre des intervenants à l’aise de transiger avec le milieu médical, mais aussi de se faire une tête. Des fois, le milieu médical peut être incertain, mais moi j’ai besoin de prendre des mesures. Des fois, les parents sont crédibles, mais j’ai quand même un enfant avec une jambe cassée et le médecin qui dit que ce n’est pas accidentel.»
Pour le moment, l’équipe travaille à consolider sa présence et réfléchit à améliorer ses façons de faire, comme en vérifiant si certains partenaires bénéficieraient de mieux connaître le rôle de la DPJ. Éventuellement, la DPJ regarde la possibilité d’avoir plus d’intervenants. Mme Morneau soutient qu’il serait gagnant d’avoir une équipe plus volumineuse à long terme, alors qu’elle fait ponctuellement déjà appel à d’autres intervenants lorsqu’il y a beaucoup de dossiers. n

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