14 mai 2020 - 11:53
Entre 60 M$ et 100 M$
Une étude évalue la valeur du golf
Par: Sarah-Eve Charland

Le président Daniel Pelland. Photothèque | L’Œil Régional ©

Le Club de golf Belœil a commandé une étude estimant la valeur marchande de son terrain. Selon s’il est vendu en entier ou subdivisé, l’étude conclut que le terrain pourrait se vendre entre 60 M$ et 100 M$, soit un montant très loin du 5,3 M$ du rôle foncier.

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« Ça donne une valeur estimée à 61 M$ dans un contexte de gré à gré avec un acheteur. […] Quand on a fait un appel de projets pour le 5 %, il y a eu huit acheteurs potentiels qui ont déposé un projet. Donc, il y en a des acheteurs », mentionne le porte-parole du Club de golf Belœil, Steve Flanagan.

La Ville de Belœil a estimé la valeur foncière à 5,3 M$ selon le rôle triennal 2020-2022. Steve Flanagan a tenu à rappeler que le projet présenté consiste à vendre 5 % du terrain, soit une parcelle se retrouvant sur le terrain de pratique.

« Il est illusoire de considérer une expropriation de la Ville de Belœil à un coût pouvant aller jusqu’à 100 M de dollars uniquement pour préserver le terrain de pratique. Là où tout le monde se rejoint, c’est qu’on veut préserver le golf de Belœil. La solution du conseil d’administration permet d’assurer la pérennité de l’espace vert sans aucun coût pour les contribuables », maintient-il.

L’étude a été commandée par CBRE évaluation et services-conseils. Cette entreprise offre des conseils stratégiques pour la réalisation de transactions de vente et de location.

Débat réglementaire

Selon le schéma d’aménagement de la MRC de la Vallée-du-Richelieu, le terrain de golf a une fonction récréative. Les usages compatibles avec cette fonction incluent notamment des usages résidentiels et commerciaux. C’est dans cet esprit que CBRE a évalué la valeur marchande du terrain. Selon ce document, 1,5 million de pieds carrés pourraient être développés en bâtiments résidentiels (27,6 M$) et 1,3 million de pieds carrés en bâtiments commerciaux (34,1 M$). Cela représente un peu plus de 50 % de l’ensemble du Club de golf. Dans la partie résidentielle, CBRE a estimé qu’on pourrait y construire plusieurs bâtiments multifamiliaux ayant un potentiel de 1000 unités.

La MRC de la Vallée-du-Richelieu souligne que les activités autres que récréatives ne sont pas autorisées sur le terrain de golf sur la partie centrale et nord. Aux abords de la route 116, l’implantation d’activités commerciales de vente au détail et mixtes (commerces et résidences) est autorisée. La Loi sur l’aménagement et l’urbanisme prévoit qu’une Municipalité doit adopter tout règlement de concordance (comme une modification de zonage) dans un délai de six mois à la suite de l’entrée en vigueur d’une modification du schéma d’aménagement.

Selon la MRC, il s’agit d’une obligation, mais la Ville de Belœil maintient qu’il s’agit d’une option facultative. Belœil n’a pas adopté de règlement de concordance. Selon la Ville de Belœil, le zonage est récréatif et permet un usage golf et espace vert.

« Ceci veut dire que la Ville peut ou non décider d’ajouter du contenu facultatif à sa réglementation, mais n’en a pas l’obligation. De plus, si la Ville désirait modifier sa réglementation afin d’ajouter de tels usages, elle ne pourrait pas procéder par concordance, mais devra plutôt suivre le cheminement normal d’une modification réglementaire », explique la porte-parole de la Ville de Belœil, Émélie Trinque.

En janvier, la Ville de Belœil a annoncé un moratoire sur tout changement de zonage concernant le terrain du Club de golf. Selon M. Flanagan, cette décision politique ne fait pas peur aux investisseurs.

« Le schéma d’aménagement permet de développer des bâtiments commerciaux et résidentiels. La Ville aurait dû adopter un règlement de concordance. Actuellement, le zonage de la Municipalité ne permet pas de construction, mais elle ne peut pas empêcher l’usage du terrain parce que ce serait une expropriation du Club de golf qui se retrouve dans une situation précaire. Ce serait d’empêcher le golf d’opérer de façon viable, affirme M. Flanagan, qui souligne que le Golf était loin d’avoir l’intention d’aller devant les tribunaux sur cette question.
Steve Flanagan presse toutefois la Ville d’agir dans le dossier. La situation financière du Club de golf ne change pas et pourrait même s’aggraver en raison des mesures de confinement liées à la COVID-19. Si le projet immobilier ne se réalise pas, le Club de golf ne survivra pas à 2020.

Il y a deux semaines, le Club de golf a lancé un site internet afin d’interagir avec la population. Depuis, 2000 personnes auraient signé la pétition du Club de golf, selon le porte-parole.

Agir rapidement

Pour le porte-parole du regroupement de citoyens Sauvons le golf de Belœil et opposant à la venue d’un projet immobilier sur le terrain, Michel Béland, cette étude démontre encore plus l’importance à la Ville de réagir rapidement. « On n’est pas surpris des chiffres. C’est pour ça qu’on demande une réserve foncière. On veut que la Ville ait la chance de l’acheter. C’est la seule chance pour les citoyens d’acheter le terrain pour en faire un parc. C’est maintenant ou jamais. »

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