Depuis bientôt huit ans, le projet Mobilis s’est donné pour mission de prévenir l’affiliation aux gangs de rue. En collaboration avec les policiers, les deux intervenantes cliniques embauchées par l’ancien Centre jeunesse, aujourd’hui fusionné au CISSSME, ont pour rôle le partage d’informations sur le sujet, l’accompagnement en intervention, la prévention et la formation à travers des conférences. Elles travaillent d’ailleurs à la recherche sur le phénomène afin d’être le plus près possible de la réalité. Mobilis s’adresse d’abord aux intervenants en centre jeunesse, mais les besoins peuvent aussi s’étendre à d’autres organismes.
Si le projet s’articulait au départ dans la région de Longueuil, il vise aujourd’hui l’ensemble des Centres jeunesse la Montérégie, de Valleyfield jusqu’à Sorel, puisque les victimes ont tendance à se promener sur le territoire.
Depuis la mise en place du programme, Carole Demers, agente de planification de programme et de recherche, note une plus grande ouverture d’esprit sur la question.
Déprogrammer
Pour amener les victimes à prendre leur distance des gangs de rue, il y a d’abord tout un travail de déprogrammation, alors que les gangs de rue ont de leur côté usé d’une opération charme pour attraper les victimes dans leur filet. Tranquillement, Mme Demers explique que les intervenants vont amener les jeunes filles à douter de leur amoureux, en semant la confusion autour de ses explications. L’écoute prend aussi une part importante de l’intervention. «Il faut savoir les écouter au rythme où elles sont rendues, puisque c’est leur histoire à elle, et croire à ce qu’elles disent», dit l’intervenante.
Si les gangs de rue prennent souvent leur temps pour resserrer le piège autour de leur victime, le retour à la réalité peut parfois s’avérer tout aussi long. Si certaines peuvent s’en sortir immédiatement après la première intervention, il faudra à d’autres victimes plusieurs années, et plusieurs retours vers le gang, avant de tourner la page.
Quel que soit le temps requis, l’intervenante note qu’il est avant tout important de ne pas travailler en vase clos. Le suivi avec les victimes, pour leur permettre de mieux comprendre leur réalité, est aussi très important.
Prévention
Le rôle des parents est aussi très important, précise-t-elle, puisqu’ils demeureront en tout temps un point d’ancrage pour le jeune. À cet effet, l’organisme Prévention Jeunesse, qui travaille avec le CISSSME, offre de la documentation pour aider les parents à se préparer en abordant notamment des sujets avec leurs enfants, en reconnaissant les signes préoccupants et en leur fournissant des actions et des ressources.
Si certaines scènes de nudité ont choqué certains téléspectateurs, Carole Demers estime que la série Fugueuse peut certainement aider à sensibiliser la population à cet enjeu. «Le fait de s’ouvrir à ça, de démontrer que oui ça existe et qu’il faut y répondre avec le plus de prévention possible, de préparer nos jeunes le plus tôt possible, ça peut éviter qu’on retrouve d’autres Fanny», croit-elle.
Parler à son jeune
Le CISSSME propose aux parents d’aborder différents sujets avec leur jeune pour les sensibiliser sur la question. Ces sujets englobent la sexualité et la notion de consentement, le respect de soi et d’autrui, la notion d’exclusivité dans une relation, la criminalité et l’alcool, les drogues et la consommation responsable. De plus, les intervenants suggèrent également de préparer les jeunes au pire et à s’écouter.
Pour plus d’information: http://www.centrejeunessemonteregie.qc.ca/lexploitation-sexuelle-aborder-vos-adolescents/