Le secteur laitier n’est cependant pas le seul où l’on observe une décroissance. Toutes productions confondues, le nombre d’entreprises agricoles dans la Vallée-du-Richelieu est passé de 451 à 371 entre 2000 et 2013, selon le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ).
Se moderniser
:Producteur laitier à Saint-Charles-sur-Richelieu, Stéphane Blanchette se dit surpris que la Vallée ne perde qu’une seule ferme laitière par année. Il croit que cette diminution s’explique entre autres par le désir de certaines entreprises de se moderniser et de s’agrandir.
Le président de l’Union des producteurs agricoles (UPA) de la Vallée-du-Richelieu, Yvon Lambert, abonde dans le même sens. D’ailleurs, malgré la diminution du nombre de fermes de tout genre, les revenus tirés de l’agriculture dans la région ont pour leur part augmenté de 58 M$ sur cette même période, atteignant 103 M$.
M. Lambert note que cette expansion des entreprises est positive, puisqu’elle permet aux fermes d’investir davantage dans des équipements.
«C’est intéressant, parce que le fait d’avoir des entreprises plus grandes permet que quatre, cinq, six personnes travaillent dans les mêmes entreprises. Donc les gens peuvent avoir une meilleure qualité de vie. Les gens peuvent prendre des vacances ou une fin de semaine de temps en temps, ce qui n’était pas le cas il y a une vingtaine d’années.»
M. Lambert ajoute que près d’une dizaine de petites entreprises agricoles ont vu le jour dans la région au cours des deux dernières années.
Beaucoup de normes, moins de revenus
:’incertitude liée aux négociations gouvernementales et les menaces de sabrer dans la gestion de l’offre auraient également raison de plusieurs producteurs laitiers, pense M. Blanchette. «Quand les revenus ne sont pas au rendez-vous, que le gouvernement parle d’enlever nos quotas, il y a des gens qui décident de quitter.»
La lourdeur de la tâche administrative et les nombreux documents que les producteurs doivent remplir pour se conformer aux normes sont également une source d’irritant pour les producteurs laitiers, soutient M. Blanchette. «Il y en a beaucoup qui ont décidé de laisser la ferme pour ça. Depuis cinq ans, le nombre de permis qu’il faut remplir pour être conforme. Pour les personnes qui sont seules à la ferme, remplir tous ces documents-là, à un moment donné, ils n’en peuvent plus.»
La relève?
La difficulté d’attirer la relève dans le secteur agricole pourrait aussi expliquer la disparition de certaines entreprises. Un phénomène qui s’explique en partie par l’horaire de travail chargé du métier qui déplaît aux jeunes ainsi que la difficulté de démarrer une entreprise, croit Stéphane Blanchette, producteur laitier.
Pour sa part, le président de l’UPA Vallée-du-Richelieu, Yvon Lambert, pense qu’il y a de la place pour les jeunes en agriculture, à condition de mettre la main à la pâte.
«Il y a des jeunes qui veulent prendre la relève. Maintenant, il n’y a pas beaucoup de place, parce que les gens qui sont là sont de plus en plus productifs. Il y a de la place, mais il faut commencer comme ouvrier agricole.»